La wilaya de Bouira vit au rythme des protestations. Depuis deux jours, les citoyens du quartier populaire Château d'eau du centre-ville de Bouira ont fermé l'artère principale. C'est avec des pneus enflammés et des troncs d'arbres qu'ils ont obstrué la grande rue. Des banderoles sur lesquelles ont pouvait lire : “Donnez-nous nos droits” ont été déployées. Les jeunes et moins jeunes sont sortis pour exprimer leur ras-le-bol des mauvaises conditions dans lesquelles ils vivotent depuis plus de 50 ans pour certains. C'est dans des haouchs construits durant l'ère coloniale qu'ils vivent toujours, et dans des conditions très difficiles. Fodil, la soixantaine, n'a pas caché sa colère. “Je vis avec mes six enfants dans une chambre de 3,5 m2. Ma fille de 18 ans dort dos-à-dos avec son frère de 20ans”, nous lança-t-il. Boualem, un septuagénaire, dénonça le deux poids deux mesures dans l'attribution des logements sociaux. “Depuis 2005, aucune personne du quartier n'a bénéficié de logement. Il y avait des opérations de recasement mais nous on avait bénéficié de fausses promesses. Nos conditions sont déplorables. Nous partageons des toilettes à plus de 15 personnes, ce qui oblige les hommes à utiliser des cafés maures pour leurs besoins naturels”, dira ce dernier les larmes aux yeux. À Kalous (commune de Aomar), les jeunes ont fermé hier la RN5. Les habitants de cette localité demandent la régularisation des logements construits en 2002 dans le cadre du programme RHP. “Ils nous ont demandé de payer la première fois 150 000 DA par logement clés en main. Maintenant ils nous demandent 200 000 DA pour la carcasse. Les gens sont pauvres, ils ne peuvent en aucun cas payer la somme exigée. Il faut que l'Etat trouve une solution à nos problèmes. Nous vivons dans des logements construits en toub”, nous ont-ils déclaré. À cela s'ajoutent les revendications liées à l'aménagement, le gaz de ville, l'eau. “Nous sommes des habitants d'un village oublié”, souligne un jeune. Les contestataires sont déterminés à continuer leur mouvement de protestation jusqu'à l'obtention de leurs droits. À Haizer, des jeunes ont fermé, dimanche, la RN33. Ils demandent une meilleure prise en charge de leur ville, tant en aménagement qu'en création de postes de travail. Certains réclament même le départ du chef de daïra. A. D