Les propriétaires des fusils de chasse confisqués en 1993 – la wilaya de Bouira compte environ 9500 unités – sont revenus hier à la charge en organisant un sit-in suivi d'une marche improvisée au centre-ville de Bouira. Bouira De notre bureau Quelque 300 personnes venues des quatre coins de la wilaya se sont ainsi donné rendez-vous pour crier leur ras-le-bol face aux tergiversations des autorités, récoltant quelques 3000 cartes au recto desquelles est imprimée la photo d'un fusil de chasse sur fond d'emblème national et au verso un texte, en arabe et en tamazight : « Le fusil de chasse constitue un symbole d'honneur dans nos traditions. Monsieur le Président, rendez-nous notre honneur ! » Ces cartes postales affranchies ont été ensuite déposées au niveau de l'agence postale de Bouira, qui doit les acheminer, par courrier ordinaire, vers le siège de la présidence. A la fin de l'opération de vérification par le préposé au guichet de la poste, une prise de parole a été improvisée par le député Ali Brahimi, qui a déclaré : « Nous avons accompagné ce mouvement depuis le début, entrepris toutes les démarches nécessaires auprès des autorités chargées du dossier, mais aujourd'hui que la situation ne semble pas avancer, on s'en remet au président de la République. » Les plaignants présents à la manifestation s'accordent à déclarer que c'est là leur dernier recours, après avoir épuisé toutes les voies imaginables par le passé. Espérant un geste salutaire de la part de Bouteflika, certains parmi eux n'ont pas hésité à faire le parallèle avec la dernière décision présidentielle prise en faveur de l'effacement des dettes des agriculteurs. M. Toutah, paysan de Aomar, 70 ans, dira à ce propos que « le Président doit agir de la même façon qu'avec les agriculteurs, car nous sommes bien des enfants de l'Algérie. Ainsi, si nous sommes considérés comme tels, il faut bien qu'il agisse dans ce sens, sinon il n'a qu'à nous le dire pour chercher notre véritable pays ». Il affirme que pas moins de 300 fusils ont été confisqués dans sa localité (Aomar), pourtant un fief de la résistance contre l'hydre terroriste. Un habitant de Haizer a déclaré : « C'est là une injustice grave qui visiblement ne repose sur aucun impératif. Sinon comment expliquer que trois de mes frères ont bénéficié récemment de fusils et que le mien demeure encore confisqué ? » Le même avis est partagé par les plaignants qui, devant le silence des autorités compétentes, demandent des mesures urgentes les rétablissant dans leur droit à disposer librement de leur bien. A défaut de se voir restituer leurs fusils, ils réclament une indemnisation équitable assortie d'une autorisation d'achat.