Classé “rouge 5” par le CTC après le séisme de 2003, le bâtiment abrite 20 familles, composées chacune de plusieurs membres. Craignant “un inévitable effondrement”, les habitants s'organisent et interpellent les autorités. Les riverains du tracé de la ligne de métro de la commune d'El-Harrach sont inquiets. Leur inquiétude, voire leur angoisse augmente au fil de l'accélération de la cadence des travaux du fameux projet du métro d'Alger. Si pour le commun des Algériens le métro est synonyme de rêve dont ils ont tardé à voir le bout du tunnel, pour ces riverains il est tout simplement synonyme d'une réelle phobie. Et pas n'importe quelle phobie ! Celle de fermer les yeux pour s'endormir en craignant de les ouvrir sous les décombres. Si le pire qui est à craindre ne se produisait pas, bien sûr. Leur quotidien a basculé et leurs nuits sont devenues cauchemardesques et agitées depuis le début des travaux de la ligne du métro à quelque 15 m seulement de leurs immeubles déjà très vétustes. La situation empire de jour en jour et au fur et à mesure que les ouvriers changent d'équipements de forage. La pression des travaux, notamment le recours à la dynamite, n'a fait que fragiliser davantage l'immeuble dont les murs et les plafonds sont lézardés et fissurés. Pis encore, selon le représentant des habitants, l'affaissement du terrain fait que l'immeuble qui date de plus de 150 ans est désormais penché. Craignant “un inévitable effondrement”, d'autant qu'un plafond s'est écroulé lors des dernières précipitations, les occupants ont décidé de prendre leur destin en main en s'organisant “pour défendre leur droit à la vie”. Un comité a été constitué pour entamer les démarches auprès des autorités compétentes en vue de trouver une solution avant que le pire ne se produise. La première action a été de déposer, mardi dernier, une requête à l'APC et à la daïra d'El-Harrach. “Nos habitations menacent ruine à tout moment, nous vous demandons de faire le nécessaire pour un déménagement dans les plus brefs délais avant que la catastrophe ne se produise”, écrivent les habitants. En fait, raconte le représentant des habitants de l'immeuble donnant sur deux différentes rues (Bachir El-Ibrahimi et Gheboub Boualem), à quelques mètres de l'APC, “l'immeuble a été classé rouge 5 (un document prouvant ces dires nous a été remis) par le CTC après le séisme de 2003. Les familles ont été logées dans des tentes puis dans des chalets pendant trois années. Pendant cette période, la bâtisse a fait l'objet de travaux de restauration.” Il n'en fut rien ! Tout ce que les 5 entrepreneurs qui se sont succédé ont fait, c'est changer le carrelage. Ce qui a fragilisé davantage la dalle. Les travaux ont surtout touché l'aspect externe de l'habitation mais l'intérieur des maisons et la cour n'ont eu droit qu'à une couche de peinture. Ce qui semble plausible, puisque de l'extérieur la bâtisse est nickel, mais dès que l'on dépasse la porte d'entrée, on croirait s'être trompé d'immeuble. D'innombrables fissures et autres trous béants sur tous les murs et plafonds. Un état de délabrement indescriptible qui donne la chair de poule. La question qui se pose est comment se fait-il qu'une habitation classée “rouge 5” par le CTC en 2003, et qui est par conséquent vouée à la démolition, soit toujours occupée huit ans après ? M B