C'est un jeune et talentueux artiste peintre, diplômé de l'école des Beaux-arts d'Azazga, qui a partagé récemment avec le public tiziouzéen une belle série de peintures semi- abstraites composée de 20 toiles. L'exposition qui a eu lieu à la salle Zmirli de la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, nous a offert un univers riche en couleurs. Dans les peintures de Idri Mohammed-Saïd, l'artiste par son acte de peindre, offrait le paysage d'un climat violent. Il navigue entre les toiles, passant d'une gamme chaude à une autre froide, faisant le voyage par des jets de peinture virevoltants qui expriment une déflagration intérieure. Si cette gamme d'ocre utilisée sur certaines peintures vient quelquefois nous confronter à un monde de déchaînement, plus loin sur d'autres toiles tirées d'une série de peinture intitulée “Paysage accidenté”, un rouge plus violent et à la fois, par mystère, très doux, vient libérer la lave d'une œuvre en agitation. L'artiste n'est, sûrement, à ce stade qu'un bout de bois qui résiste au feu d'une peinture qui brûle, consommant la forces d'un être en plein créativité. “C'est devant des images inertes et inanimées que je cherche à restituer une autre image plus vivante”, dira l'exposant. “Dans mes peintures, tout commence par un regard sur une image inanimée, puis je cherche à restituer une autre image plus vivante et tirée au jour des formes dépersonnalisées”. Comme avec la peinture du “souffle”, en lien avec l'énergie du monde, Idri Mohamed- Saïd part dans ces profondeurs incertaines d'une puissance invisible, pour puiser ses œuvres dont le thème principal porte sur l'énergie, dès lors “des éclats appartenant à des corps sortis du néant sont retenus, des formes sensibles bien que déjà divisées, sont animées d'une énergie propre. C'est l'éclatement de la matière sur la toile selon un geste vertical, exprimé par les éclaboussures et les couleurs qui supportent ce dynamisme”. Dans ce mariage entre deux énergies, celle d'un univers en transmutation et celle du peintre, l'œuvre sort d'un éclatement de couleurs et de formes, “des amorces de gestes, des amorces de vie, figés dans leur propre matière, comme il arrive de freiner un élan, de suspendre une phrase, d'arrêter son regard”. K. T