Dans une déception profonde, les membres le l'association des agences de voyages de la wilaya de Tamanrasset se sont réunis, jeudi, pour faire part du marasme et de la sinistre situation que connaît le secteur du tourisme saharien depuis le 1er décembre dernier, date de l'annulation des visas aux touristes étrangers. Encore une fois après la fermeture de la région du Tassili en février 2010, les touristes sont privés de l'enchanteresse du désert algérien. “Comme bon lui semble, le gouvernement fait des siennes en pleine saison touristique et refuse de délivrer les visas ou, au pire, on fait suivre aux touristes des formalités inextricables avant de les enchevêtrer dans des problèmes insupportables pour en obtenir”, selon le témoignage d'un tour opérateur allemand rencontré au siège de l'association à Tamanrasset. “Après les inscriptions des clients pour la destination d'Algérie, on a fait convenablement la demande de visas selon les règles. Cependant, et à notre grande surprise, on nous a appelé de l'ambassade pour nous annoncer l'arrêt de la délivrance des visas sans nous en expliquer les raisons. On s'est posé beaucoup de questions sur la nature du problème qui pourrait être à l'origine de cette annulation. En vain. À l'ambassade, on nous a dit qu'ils ne savent absolument rien en mesure de lever l'ambiguïté sur cette affaire en se contentant de dire qu'ils ont seulement eu l'instruction d'Alger. On était très choqués en Allemagne et très déçu. Au début, nous n'avons pas informé nos clients puisqu'on a pensé que ce n'est pas nécessaire dès lors qu'il n'y a pas une explication officielle. On a contacté nos partenaires algériens pour qu'ils se renseignent auprès des autorités compétentes dans l'espoir de trouver une solution. Malheureusement et avec les lenteurs qu'on a peur de faire subir à nos clients, on a fini par annuler le voyage”, se désole-t-il. “Quand nous avons exposé le problème rencontré avec nos clients au ministère du Tourisme, on a eu l'impertinence de nous proposer de les envoyer séjourner au Maroc. C'est malheureux”, regrette un responsable d'une agence touristique. La demande de visa passe désormais par la direction du tourisme, puis par le Conseil de sécurité de la wilaya avant qu'elle n'atterrisse au bureau du ministère de tutelle qui prendra attache avec le ministère des Affaires étrangères qui, de son côté, vaquera aux soins d'informer les représentations diplomatiques. C'est dire qu'on ne déroge plus à la tradition bureaucratique et on ne se soucie guère de l'avenir du tourisme sachant malheureusement que nombre de touristes étrangers ont renoncé à leur voyage vers l'Algérie pour d'autres destinations beaucoup plus moins attractives. Ainsi et plus que jamais, les responsables des agences de voyages se préoccupent de leur avenir et se déclarent sinistrées à l'idée de subir les affres d'une autre année blanche. “Nous avons pu maintenir une stabilité et une paix sociale, 40 ans durant grâce au tourisme saharien. Les 82 agences dénombrées dans la wilaya de Tamanrasset arrivent à faire vivre en temps normal de 50 à 100 personnes. Aujourd'hui, on risque de mettre la clé sous le paillasson et renouer avec l'hydre du chômage, et ce, depuis le cuisiner jusqu'au guide en passant par les chauffeurs et les chameliers. Sans oublier l'impact que cette inertie puisse avoir sur l'économie locale. Les commerçants, les boutiquiers, les artisans, les hôteliers et les restaurateurs sont tous affectés par ce sinistre”, s'écrie désespérément le vice-président de l'Association des agences de voyages de Tamanrasset. Et de poursuivre : “Il est urgent que tous les acteurs du tourisme sahariens soient indemnisés et soutenus moralement et financièrement. Nous sommes conscients de la politique touristique que le gouvernement compte mettre en place pour le développement des régions du Sud. Toutefois, nous voulons être partie prenante et impliqués d'une façon directe dans la concrétisation des projets et objectifs assignés. Les enfants de la région dignes de véritables professionnels en tourisme qui se fait dans un territoire aussi fragile que vulnérable exigent beaucoup de discernement et n'acceptent plus d'erreurs et de dérapages. Le Sahara ne se prête pas à un tourisme de masse et ses adeptes savent pertinemment comment s'y adapter et se mettre en symbiose avec.” En guise de conclusion le porte-parole des agences touristiques de la capitale de Tin Hinan a tenu à souligner qu'“il est préjudiciable de ne pouvoir plus jouir des richesses patrimoniales de notre pays aux dépends de l'éphémère rente pétrolière”. R K