En dépit de l'inflation des partis politiques, de la contrainte du temps pour mener une bonne campagne électorale, Abdelmadjid Menasra, ancien ministre, dissident du MSP, et chef de file du nouveau parti, le front du changement (FC), en instance d'agrément, ne dissimule pas son optimisme : les prochaines élections législatives, prévues pour le 10 mai prochain, vont apporter le changement, pour peu que les élections soient transparentes et que le régime prenne conscience des enjeux induits par les bouleversements régionaux. “On a la conviction que le changement aura lieu en Algérie. Les réalités actuelles dictent que le changement est inévitable”, a-t-il soutenu hier à Alger lors d'une rencontre organisée par le journal Algérie News. Dès lors, il ne manque pas de mettre en garde le pouvoir qu'il soupçonne de vouloir imposer arbitrairement une nouvelle carte politique. “On veut que les prochaines élections provoquent le changement. Il faut laisser le peuple choisir”, a-t-il dit. “C'est vrai que nous n'avons pas suffisamment de temps pour nous préparer, il est tout aussi vrai que nous ne partons pas sur un pied d'égalité avec d'autres partis, résultat des réformes, mais nous avons la conviction que le changement aura lieu. En 1990, on a élaboré une loi sur mesure et on a vu ensuite les résultats qui se sont retournés contre les tenants du pouvoir”, ajoute t-il. “Ils veulent dessiner une nouvelle carte politique arbitrairement”, ironise-t-il. Pire encore, une éventuelle fraude conduirait à une situation dangereuse, selon lui. “La conscience du peuple est la seule pression qui pourrait apporter le changement (…) Si le régime est conscient des enjeux de l'évolution de la situation régionale, il va laisser le peuple choisir, faute de quoi l'issue risque d'être dangereuse”, a averti Menasra. Il s'attaque même à ceux qui brandissent l'épouvantail islamiste. “Y a des gens qui veulent gouverner en utilisant la peur, comme Georges Bush”, a-t-il dit. Parti à référence islamiste, le FC est ouvert à tous, à tous ceux qui veulent le changement, aux nationalistes, aux patriotes et aux anciens militants de l'ex-FIS, a indiqué Menasra non sans stigmatiser la récente loi électorale, votée dans le cadre des réformes, et qui interdit aux personnes impliquées dans la “tragédie nationale” d'exercer la politique. “Cette loi est un peu arbitraire. Normalement, ceux qui ont bénéficié de la charte pour la paix et la réconciliation devraient recouvrer leurs droits. On veut construire une société de tolérance.” Interrogé pour savoir s'il est favorable à un éventuel retour du parti dissous sur la scène politique, l'ex-ministre a répondu par une pirouette : “j'ignore s'il y a une demande dans ce sens.” Le FN est-il favorable à une alliance des partis islamistes ? “Nous ne sommes pas contre pour le principe, mais il n'y a rien de concret pour l'heure”, a-t-il dit avant de préciser que “l'alliance doit se faire autour de programmes mais non imposée d'en haut ou autour de sièges, simplement”. Pour celui qui a quitté le MSP après avoir constaté “des dérives dans la démarche et les actes” de ce parti, où il existe des “soupçons de corruption” — “mais je n'accuse personne”, dit-il — le financement de son parti est assuré par ses militants. Et à ceux qui spéculent sur un financement étranger des partis islamistes, Menasra ne cache pas son agacement. “Le financement des partis est régi et contrôlé par les lois. On parle uniquement des islamistes, et les autres ?” s'est-il emporté. “Mais on n'accuse personne”, tempère-t-il, cependant. Invité, enfin, à donner son avis sur le taux de participation, au regard du climat social et politique, l'ex-ministre a estimé que cela dépendra essentiellement des garanties de transparence des pouvoirs publics auxquels revient le devoir de mobiliser la population. K K