Le moudjahid Yacef Saadi a confirmé mercredi à Oran que le chahid Larbi Ben M'hidi ne s'était pas pendu et qu'il a été bel et bel assassiné, comme le prouvaient les traces de balles visibles sur les restes de sa dépouille, déterrée au lendemain de l'indépendance pour être inhumée au Carré des martyrs à El Alia (Alger). "Des traces de balles étaient encore visibles sur les restes de la dépouille du chahid, déterrée au lendemain de l'indépendance pour être inhumée au Carré des Martyrs, au cimetière d'El Alia", a témoigné le chef de la zone autonome d'Alger, qui avait assisté à cette cérémonie, aux côtés de la sœur du martyr Drifa. Intervenant lors d'une conférence sur la guerre de libération nationale, organisée à Oran, par le quotidien El Wasl, Yacef Saadi, qui a partagé la même chambre avec Ben M'hidi, pendant plus de six mois avant l'arrestation de ce dernier puis son assassinat, a démenti les informations selon lesquelles Ben M'hidi s'était suicidé, en se pendant à l'aide de sa propre chemise. Il a affirmé que le martyr a été tué par balles. Yacef Saadi a également indiqué qu'il avait recueilli un "témoignage détaillé" sur l'exécution de Larbi Ben M'hidi, racontée par le colonel Yves Godard (décédé en 1975) dans les années qui ont suivies l'indépendance. "El Hakim" (le sage), tel que le surnommaient ses compatriotes ou encore le "seigneur" tel que le désignaient ses propres adversaires, avait demandé qu'on lui enlève le bandage qui couvrait ses yeux pour voir ses bourreaux accomplir leur sale besogne. Reprenant le témoignage du colonel français, Yacef Saadi a ajouté qu'en signe de respect et d'admiration pour son courage, deux rangs de soldats ont bordé son passage pour lui rendre les honneurs avant son exécution. L'exécution de Ben M'hidi, révélée des décennies après le recouvrement de l'indépendance nationale par des média français, demeure dépourvue de détails jusqu'à nos jours. Arrêté en 16 février 1957 par l'armée française, torturé puis exécuté sans jugement, la presse de l'époque a repris la thèse officielle selon laquelle Larbi Ben M'hidi s'était suicidé, le 7 mars de la même année, se pendant à l'aide de sa chemise. Membre du CRUA puis du "Groupe des 22", le martyr a été désigné au déclenchement de la guerre de libération, chef de la zone V (Oranie), qu'il a organisée pendant deux ans avant d'être nommé en 1956 membre du Comité de coordination et d'exécution de la révolution algérienne, avant de diriger, au début de l'année 1956, la Bataille d'Alger. Cette conférence sur la guerre de libération nationale est une première d'une série programmée pendant les mois à venir et qui verront la participation de plusieurs personnalités comme Réda Malek, Zhor Ounissi, entre autres. APS