Les associations et les militantes féministes composant l'Observatoire des violences faites aux femmes (Ovif) signent et persistent : des Algériennes sont violentées régulièrement, mais certaines décèdent, tandis que d'autres ont du mal à se relever de leurs blessures, des humiliations subies ou des étiquettes qu'on leur colle. D'après Chérifa Kheddar, porte-parole de l'Ovif, son organisation s'est saisie récemment du cas d'une certaine Nacéra M. exerçant dans une entreprise à Oran et subissant un “harcèlement moral” de la part de son chef hiérarchique. “La jeune femme est au bord de la dépression”, a-t-elle signalé à Liberté. Elle a également indiqué avoir parlé au téléphone avec le P-DG de l'entreprise, qui “s'est montré compréhensif”, en acceptant de la rencontrer pour “un entretien officiel, après étude du dossier de Nacéra”. “Je suis optimiste, car le P-DG s'est engagé à se pencher sur son cas et puis il m'a déclaré qu'il ne permettrait jamais que des femmes subissent des violences dans son entreprise”, a poursuivi Mme Kheddar. En matière de harcèlement dans le lieu de travail, cette dernière a noté que l'Ovif “fera le nécessaire pour les cas qui nous sont soumis, en interpellant en premier lieu les responsables de l'entreprise sur les allégations des victimes”. La représentante de l'Ovif nous a aussi rapporté le cas de femmes battues souvent par leur mari, qui sont pratiquement renvoyées des commissariats, notamment à Blida, parce que non accompagnées par un homme. “On essaie de les dissuader à déposer une plainte contre l'agresseur, principalement le mari”, a révélé Mme Kheddar. C'est le cas d'une femme frappée violemment par son époux à qui on a refusé d'enregistrer la plainte. “Il a fallu qu'elle retourne avec son frère pour que sa plainte soit prise en compte”, a précisé notre interlocutrice, non sans rappeler que le procureur de la République, dès qu'il a reçu le dossier de la victime, a instruit l'affaire et permis au juge de se prononcer : “La Justice a condamné le mari pour coups et blessures.” Un autre cas a été illustré par une militante de l'Ovif, celui d'une femme habitant Alger violentée par son époux, mais qui a eu affaire au “parti pris” d'un médecin légiste à l'hôpital Mustapha-Pacha. Selon elle, “ce médecin légiste lui a demandé pour quelles raisons elle a été battue et a même essayé de justifier la violence qu'elle venait de subir”. Comme quoi, les situations d'injustice, d'incivisme et d'impunité poussent certains à cultiver, consciemment ou inconsciemment, la violence. Mais que dire aussi de ces femmes traînées dans la boue pour avoir “osé” porter plainte contre leur agresseur ? H. A.