Qu'ils soient du FLN-VIIIe congrès ou “redresseurs”, qu'ils soient du RND ou du PT, comme un seul homme, élus de la basse et de la haute Chambres ont voté la proscription salutaire de l'alcool. Mais avec la ferme conviction de la vanité de leur plébiscite, depuis toujours dérisoire. Dommage ! Le pire n'est pas dans l'intention prohibitive, partielle au demeurant puisqu'elle ne bannit, parmi les spiritueux, que ce que nous ne savons pas encore lever ou distiller. Même adepte de la libéralité des conduites de consommation, on peut déceler quelque bon côté de cette interdiction : n'est-ce pas le rôle des élus d'inciter la production locale ? Le pire est plutôt dans la conviction de nos représentants, que la loi ne contraint, en fait, que ceux que le pouvoir veut contraindre. Regardons autour de nous : les lois les plus insoutenables, concernent-elles tous les Algériens ? Le code de la famille, gêne-t-il l'ensemble des Algériennes, sinon les plus opprimées d'entre elles ? La loi sur la généralisation de la langue arabe, s'impose-t-elle à tous les Algériens, sinon à ceux qu'on veut exclure de la vie nationale ? Même les impôts, qui sont l'objet même de la loi de finances, ne s'obligent pas à tous. Mieux, ils s'infligent plus sûrement aux plus dépourvus qu'aux plus prospères. Et on ose croire que la loi interdisant l'alcool réduirait l'entrée en territoire du carburant qui réchauffe les nuits de notre jet-set ! Allons donc ! Les cigarettes étrangères ne sont-elles pas interdites ? Elles nous coûtent pourtant moins qu'aux citoyens des pays producteurs qui tentent de les bannir par la taxe exorbitante. Il est étonnant que, dans un pays où l'on n'arrive pas à contenir les trafics d'armes et de drogue, la représentation nationale pense à défendre nos mœurs corrompues par l'alcool. Il y a du futile dans le geste vain d'élus qui font de l'alcool un thème législatif quand des enfants inhalent à longueur de journées du “patex”, sans le moindre secours, et au su et au vu de toutes les autorités d'état, puisqu'ils le font… sous les fenêtres et dans le parking de l'Assemblée nationale. La question n'est donc point dans l'effet pratique de la loi ; celui-ci dépendra de la force — toute relative, il faut le reconnaître — des lois en général et du niveau — élevé, il faut le reconnaître aussi — de corruption et de contrebande. La question est dans cette unanimité, malgré une fausse atmosphère de discorde, le besoin d'un geste à l'endroit de l'islamiste qui s'exprime. Ni le FLN “majoritaire” et “opposant” à l'APN, ni le RND “majoritaire” et “anti-islamiste” au Sénat n'ont trouvé matière à s'opposer à cette dérisoire résolution. Le reste n'est qu'effets spéciaux supposés signifier, ici les dissensions, là les différences, dans un régime globalement homogène dans son invariable quête de composition avec le fondamentalisme ! Depuis la compromission consensuelle et historique de la concorde civile, il est aisé de réaliser que toutes les concessions sont possibles, dans le consentement général du régime, pourvu que chacun croit y préserver la sympathie de l'intégrisme. Dans ce régime de la duplicité, les islamistes, seuls, s'assument finalement pour ce qu'ils sont. M. H.