Simple procédure écrite, l'affaire qui oppose “redresseurs et légalistes” risque cependant de durer plusieurs mois, car elle ne sera jugée qu'une fois épuisés les arguments des deux parties. C'est, aujourd'hui, que la chambre administrative près la cour d'Alger entame le dossier relatif à l'action intentée par le mouvement de “redressement”, structure que chapeaute Abdelaziz Belkhadem, contre l'aile légale incarnée par Benflis, pour l'invalidation du VIIIe congrès du FLN. Contrairement à ce qu'on tente d'accréditer confusément, il n'y aura ni “Benflis ni Belkhadem à la barre”. Comme le stipule les textes régissant le fonctionnement des chambres administratives, les deux parties, qui seront représentées par leurs avocats respectifs, auront seulement à “échanger les conclusions”. Chaque partie aura à “verser” un dossier contenant les griefs retenus contre l'adversaire. Simple procédure écrite, l'affaire risque cependant de durer plusieurs mois. Elle sera jugée une fois que les deux parties auront épuisé leurs arguments. “L'affaire ne sera pas jugée aujourd'hui. Elle risque de durer des mois. C'est une fois que tout le monde aura épuisé ses arguments que la justice tranchera l'affaire”, explique l'ex-ministre FLN de la Justice, Abdelkader Sallat, joint, hier, par téléphone. Même si les supputations vont bon train sur la volonté du clan présidentiel d'actionner, comme de coutume, ses relais au sein de l'institution judiciaire pour trouver “les artifices juridiques adéquats” de nature à invalider le VIIIe congrès, d'autant que l'affaire vient d'être entamée au lendemain d'un vaste mouvement dans le corps des magistrats, tout porte à croire cependant que les “redresseurs”, pour reprendre un vocable en vogue, risquent de subir un autre camouflet. L'argument du FLN est simple : l'essentiel des auteurs de l'action pour l'invalidation n'ont pas la qualité de militants ni de congressistes. “Il faut qu'ils prouvent leur qualité de militants et de congressistes. Pour certains, ils étaient exclus du parti, pour d'autres, ils n'ont pas été retenus par la base pour assister au congrès”, fait observer l'ex-ministre de la Justice. Autre observation du membre du bureau politique du FLN, qui prête à ses yeux à l'optimisme, l'avant-goût donné par le Conseil d'Etat concernant la plainte en référé pour l'interdiction du congrès extraordinaire du FLN. Le désaveu infligé par la justice au mouvement de “redressement” traduit à ses yeux que “l'institution judiciaire ne se mêle pas du fonctionnement interne des partis”. Si, dans l'absolu, les arguments du FLN sont massus, il n'en demeure pas moins qu'au regard de la volonté mal dissimulée du cercle présidentiel de disposer d'un “socle électoral”, conjuguée au fonctionnement de la justice qui obéit au gré des forts du moment, tous les coups sont à craindre. Même le jugement de cette affaire risque d'intervenir quelques semaines avant la tenue du congrès des “redresseurs” prévu pour la deuxième moitié de décembre. Pour rappel, l'action entamée par les “redresseurs” pour l'invalidation du congrès du FLN est antérieure à la plainte pour l'interdiction du congrès extraordinaire. Cette plainte était intervenue une fois leur espoir de voir Zerhouni invalider le congrès estompé. K. K. SUITE À LA RENCONTRE DES “REDRESSEURS” La mouhafadha de Sétif déposera plainte Dans un point de presse animé, hier, au siège de la mouhafadha FLN de Sétif, le mouhafedh a mis l'accent sur les pressions subies par les élus FLN des APC de cette wilaya. M. Khelfi Mebarek, mouhafedh de Sétif, a accusé l'administration locale d'avoir violé le principe de neutralité et a affirmé que toute la trame a été tissée dans le fameux bureau 11 de l'APW de Sétif. Les présidents d'APC y étaient convoqués, munis de leurs cachets d'APC et de leur griffe personnelle. On leur a demandé de soutenir le mouvement de “redressement”, en utilisant toutes les pressions possibles : intimidations, menaces... On leur a même promis l'octroi de projets pour leurs communes respectives au cas où ils rejoignent les “redresseurs”. Selon le mouhafedh de Sétif, officiellement, tous les élus du parti FLN restent attachés aux résolutions du VIIIe congrès et leurs fidèles à la direction élue du parti. Rappelons que le chef de file des “redresseurs”, Abdelaziz Belkhadem, a animé une rencontre régionale regroupant 7 wilayas limitrophes. La mouhafadha de Sétif compte déposer plainte contre Belkhadem pour utilisation frauduleuse du sigle FLN lors de cette rencontre. La rencontre a été tenue en catimini et sous haute protection policière, une heure avant la prière du vendredi. L'autorisation, selon le mouhafedh de Sétif, a été délivrée à la Coordination des enfants de chouhadas. FAOUZI SENOUSSAOUI