Lettre ouverte adressée au ministère de l'Intérieur, conférence de presse, banderoles tendues sur la façade d'un immeuble, tous les moyens ont été utilisés par les anciens cadres du Centre national de perfectionnement et de recyclage des personnels des collectivités locales ex-CFA-d'Oran, rattaché au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, et qui sont sous la menace imminente d'une expulsion des logements qu'ils occupent depuis plus de 17 ans. Ces cadres ainsi que leurs familles, au nombre de 6, dont deux femmes divorcées avec des enfants, ont reçu une décision d'expulsion par voie de huissier suite à une action en justice émanant de la direction du centre, “instruite par sa tutelle pour récupérer les logements” se trouvant dans un immeuble de 6 étages faisant face au lycée Lotfi. Ce bien immobilier, d'une valeur inestimable, est depuis 1972 affecté gratuitement par les domaines au ministère de l'Intérieur pour servir d'internat aux stagiaires du centre. Or, depuis 1994, plus aucun stagiaire n'y a séjourné du fait de l'abandon des formations, et c'est à cette date que des cadres du centre, un ancien directeur et des enseignantes, ont été installés, avec des décisions, dans les logements qu'ils occupent à ce jour. Ainsi, cet immeuble est aujourd'hui au cœur de cette affaire d'expulsion que les familles dénoncent comme étant arbitraire, car s'appuyant sur des éléments falsifiés et fabriqués à dessein. “Dans le jugement, il est dit que nous avons occupé les lieux par effraction et que nous sommes des indus occupants, ce qui est faux. Nous avons tous des décisions d'installation. En plus, l'immeuble est décrit comme s'il se trouvait au sein du CFA, ce qui est aussi faux, puisqu'il est implanté à l'extérieur. Ce sont autant d'éléments qui n'ont pas été consignés par l'huissier venu faire un constat”, raconte l'une des enseignantes concernées. Par ailleurs, les locataires affirment encore que l'immeuble était abandonné, prenant à leur charge, depuis 17 ans, les créances contractées par le centre national de recyclage, l'entretien et l'ensemble des charges (eau et électricité), avec la pose de compteurs individuels. Parmi les enseignantes menacées d'expulsion, certaines auraient fait l'objet de “révocation illégale pour justifier après coup l'expulsion”, selon leurs déclarations et d'ajouter : “C'était la menace verbale du directeur actuel : ‘Rendez-moi les clés si vous voulez être réintégrée.' J'ai été injustement sanctionnée et mon salaire suspendu depuis juillet 2011. Alors que la commission de recours a ordonné ma réintégration, le directeur refuse toujours.” Sur cette question des sanctions administratives, les plaignantes disposent d'une correspondance de la chefferie du gouvernement, transmise à la wilaya et demandant le respect de la réglementation. Mais pour autant, elles n'ont pas été rétablies dans leurs fonctions. Contacté par nos soins, l'actuel directeur dément les propos des anciens cadres, arguant que tout a été mené dans le respect de la loi, passant sous silence les décisions de réintégration. Pour ce qui est de l'expulsion, ce dernier persiste : “Ce sont des indus occupants, l'un d'entre eux est un ancien directeur en retraite, les autres n'ont rien à voir avec le centre, et c'est la tutelle qui a demandé à récupérer son bien. D'ailleurs, le juge s'est basé sur l'acte de propriété.” Mais notre interlocuteur se trouvera quelque peu gêné lorsque nous lui avons demandé de confirmer les propos évoquant des ordres émanant de la direction des ressources humaines du ministère. Quant à savoir quelle serait la future affectation de l'immeuble, le directeur restera évasif. Quant à la tutelle, aucune réponse n'a été donnée à nos sollicitations. D. L