Pour protester contre l'action d'expulsion prise par le propriétaire de l'immeuble qu'ils occupent à Medioni, 20 familles, arborant le drapeau algérien et des cartes nationales d'identité, se sont regroupées, hier matin, devant le siège de la wilaya. «Nous habitons au 14, rue Aroumia Larbi, depuis 1963, date à laquelle le défunt propriétaire nous avait loué des appartements. L'immeuble en question, recensé par les services habilités, est classé en zone rouge en raison du danger de ruine et de vétusté qu'il présente. Nous avons subi de nombreux effondrements qui ont provoqué des blessures aux locataires. Et voilà qu'une décision d'expulsion est prononcée, à notre grande surprise», affirme Zahaf Abdelkrim, locataire du dit immeuble. Ces propos étaient tenus par cet occupant acculé au désespoir qui protestait avec les membres des 20 autres familles face au siège de la wilaya, au moment où les forces de l'ordre public munies d'une notification judiciaire d'expulsion stationnaient au pied de cet immeuble du 14, rue Aroumia Larbi à Medioni. Berriche Slimane, un autre locataire, atteint d'une maladie cardiaque, dira pour sa part: «Nous n'avons pas un autre abri où aller… Nous sommes des chargés de familles… On ne peut pas laisser nos femmes et nos enfants dans la rue…» Il enchaînera: «Nous avons déposé des dossiers de demande de logements sociaux avec des documents justifiant l'état de ruine de l'immeuble où nous habitons. Nos dossiers sont au niveau des services de la wilaya». Dans un état de colère extrême auquel sont confrontées ces 20 familles qui, du jour au lendemain, se trouvent contraintes de sortir de leur domicile, Saïdi Bouzid, un autre locataire, affirmera: «Nous avons fermé nos logements et sommes venus devant la wilaya pour éviter d'être confrontés à l'expulsion. Nous ne voulons pas dresser de tentes dans les rues, car nous sommes des citoyens habitués à vivre dans la rue. Nous avons tout tenté pour joindre les autorités locales ou un responsable de ces affaires, mais nous n'avons eu aucune réponse». Parmi les familles regroupées avec femmes et enfants face à la wilaya, Hamani Abdelkhalek, qui se désole de la situation pénible qu'il traverse avec ses voisins, déclarera: «Je viens d'être licencié de mon travail, et maintenant c'est une décision de justice qui arrive pour m'expulser, avec mes enfants, de la maison où j'ai habité pendant 50 ans. Nos maigres revenus financiers ne nous permettent pas de louer une maison, encore moins à penser à en acquérir une, et ceci est valable pour tous les locataires qui vivent déjà une situation sociale des plus misérables». Kacemi Bekaddour, dont la famille est composée de 8 membres, dira, pour sa part: «Nous sommes cloîtrés dans cet immeuble en ruine depuis les années 1970, acceptant toute la misère, et malgré les maladies chroniques que mes enfants et moi avons contracté en raison de l'humidité et des débordements des canalisations des eaux usées. Nous avons tout supporté, alors qu'on nous demande de sortir, sans rien recevoir en retour. Où irons-nous alors ?» Du côté du secteur urbain d'El Hamri, le délégué, M. Farès, fera savoir que «l'immeuble du 14, rue Aroumia Larbi est un bien privé. Nous ne pouvons aller à l'encontre de la décision prise par le propriétaire, en saisissant la justice. Le cas de ces 20 familles sera étudié au vu de l'état de ruine dans lequel se trouve l'immeuble en question, et du danger qu'il présente. Les dossiers déposés au niveau des services de la wilaya pourraient jouer en faveur des locataires qui pourraient bénéficier des prochains programmes de relogement». Le propriétaire de l'immeuble s'excusera en s'abstenant de nous répondre.