Le constat est alarmant : ils sont au nombre de 3 300 adolescents, tous âgés de moins de 18 ans, à être dans la dérive, notamment en milieu rural et les zones suburbaines. Recensés dans le cadre de la lutte contre la criminalité, ces mineurs sèment la terreur et inquiètent la cité au quotidien au vu de la prolifération des noyaux durs de la criminalité en Algérie. La déperdition scolaire et la démission totale de la famille et de la société aidant, ces enfants sont également exposés à toutes sortes de vices. Selon un rapport de la cellule de prévention de la Gendarmerie nationale, ces délinquants développent un comportement violent et ne reconnaissent aucune autorité familiale soit-elle, ou judiciaire. Plongés dans le gain facile, souvent détournés à des fins pécuniaires par des pseudos adultes, ils font les frais de la misère morale et sociale qui sévit dans une cité où les valeurs n'ont aucun sens face à la violence, au délit et au crime. C'est que la délinquance juvénile prend le dessus sur une société dite “périmée”, aidée par des facteurs que seuls les psychologues et les sociologues pourraient vulgariser afin de comprendre “les phénomènes de la terreur”. Selon les données en notre possession, “ces mineurs sont engagés dans la délinquance à un âge très avancé, contrairement aux années précédentes. Ils deviennent un danger potentiel pour la société et sont également victimes de la même forme de violence, morale soit-elle, sexuelle ou sentimentale”. Aucune wilaya du pays n'est à l'abri de ce fléau qui implique 3 140 garçons et 141 filles. Les wilayas d'Alger (260 cas), Tipasa (189 cas) et de Sétif (199 cas) viennent en tête des cas de figure où cette délinquance est plus souvent constatée, suivie de Tamanrasset (129), Blida (109), Tlemcen (104), Médéa (118), Oran (136) et Mila (189). Dans les autres régions d'Algérie, ces cas varient entre 2 et 110 cas de figure où les mineurs sèment la peur. Ces derniers sont notamment impliqués dans les coups et blessures volontaires (696), les vols (894), l'immigration clandestine (187), association de malfaiteurs (102), trafic de drogue (103), destruction de biens d'autrui (159), la contrebande (61) et autres délits et crimes (546). Autre crime dans lesquels ces mineurs sont impliqués, le viol (18 cas), meurtre avec préméditation (21 cas), recel (14), menaces (30) et incendies volontaires (15). Au total, ce sont 144 filles qui sont impliquées et 3 143 garçons. Des chiffres qui donnent froid dans le dos et qui interpellent la société algérienne sur le devenir de sa progéniture. En revanche, note le même rapport, ces enfants sont aussi victimes des mêmes délits et crimes. En effet, révèle le document de la GN, 351 mineurs, dont 240 garçons et 111 filles sont, annuellement, maltraités par des adultes sans scrupule, mais aussi des mineurs “initiés” à la chose. Mila (82), Alger (72) et Batna (23) sont les wilayas où ces enfants sont le plus exposés à la dérive et constituent la proie facile des criminels. En ce sens, révèle-t-on, les mineurs sont exposés à 6 formes principales de violence, dont les coups et blessures volontaires (133), le vol (27), le viol (16), association de malfaiteurs (6), prostitution (4), meurtre avec préméditation (5), détournement de mineurs à des fins de prostitution et de proxénétisme (160). “Il faut noter que la lutte contre la délinquance juvénile est l'affaire de tous. Elle n'est pas l'apanage des services de sécurité qui traitent ces affaires et tentent de récupérer et de réinsérer ces enfants en milieu scolaire et familial. Ce à quoi, la vigilance est de mise, et ce, au même titre que les opérations de sensibilisation dans lesquelles les associations des parents d'élèves devront s'impliquer davantage afin de juguler ce phénomène qui met en danger, au quotidien, nos enfants”, note-t-on encore. F B