Le FFS sera partie prenante des législatives du 10 mai prochain. La décision de son conseil national, réuni hier en session extraordinaire, est surprenante et ne l'est pas dans le même temps. Sans surprise car l'option de participation était déjà dans l'air depuis quelque temps, notamment depuis le retour de Ali Laskri à la tête du secrétariat national, avec un repositionnement stratégique qui refusait à peine de dire son nom. Surprise car le parti, en opposition frontale avec le système depuis des lustres, a fait du boycott des “grands-messes du système” (le mot est de Hocine Aït Ahmed) un des marqueurs permanents de sa ligne stratégique qui lui a d'ailleurs valu respectabilité des uns et agacement des autres. Il ne s'agit pas, aujourd'hui, de discuter la nouvelle option participationniste du FFS. C'est une décision souveraine. Cela étant, des questions méritent néanmoins bien d'être posées. À commencer par le pourquoi du comment. En effet, les arguments, mis en avant par la direction, pour “vendre” à l'opinion le choix de la participation manquent à tout le moins de consistance et d'épaisseur. Et d'ailleurs, une bonne partie du conseil national et encore plus de la base du parti n'y ont pas adhéré. Comme l'a reconnu Hocine Aït Ahmed dans sa lettre. Alors question (avec ce risque de notre part de faire dans la candeur politique) : la direction du FFS considère-t-elle aujourd'hui que les conjonctures politiques interne et régionale sont vraiment propices à un recadrage de la ligne pour “la construction pacifique de l'alternative démocratique” ? Ou bien, derrière la coquetterie de la formule “remettre du mouvement dans le statu quo” se cacherait plus prosaïquement un deal politique entre Hocine Aït Ahmed et le régime ? En tout cas, de ex-hauts responsables de ce parti en sont plus que convaincus ; nous avouant hier, sous le sceau de l'anonymat, “tomber de très haut”, par rapport à cette décision de participation. Par rapport à ces deux interrogations, le temps finira par apporter des réponses. Mais, une chose est sûre pour le moment : en décidant de participer aux élections, le FFS leur apporte un pesant de crédibilité et vole de facto au secours du régime qui n'en demandait pas tant. Reste à savoir si le jour du vote, les sympathisants du FFS, obéissant à la direction nationale, retrouveront le sens des urnes après l'avoir perdu à la faveur de deux boycotts successifs. O. O.