Changer de point de vue sur la Tunisie Depuis la chute du régime de Ben Ali en Tunisie, les médias tunisiens, internet en premier, se déchaînent, et ce sont les rappeurs underground, jadis timidement partagés sur les réseaux, qui montent au créneau et se placent très vite en journalistes du réel cru et sans concession. C'est le cas du jeune Vipa, un rappeur de la banlieue sud de Tunis, connu pour son phrasé cassant et railleur aux influences larges, allant de Salah Khemissi, le chanteur tunisien des années 40 qui a popularisé la chanson humoristique et caustique, à Wu tang ou Oxmo Puccino en passant par Iam. Il vient de sortir un nouveau clip dépassant en quelques jours les cent mille visites sur Youtube... seulement. Le titre “Egleb Mandhrek”, qu'on pourrait traduire par renverse ton paysage, commence par un avertissement : “Cette vidéo contient des atteintes verbales et corporelles.” En effet, Vipa ne mâche pas ses mots, fait un constat et un décryptage de la situation d'une rare lucidité, mais le clip affiche une autre audace. Filmée en quasi-freestyle sur le boulevard Bourguiba, la vidéo est un plan séquence avec caméra en mouvement qui semble recevoir les mots comme des balles de kalachnikov, le rappeur en veste rouge se distingue de son arrière-plan flou, où des passants traversent l'écran de part et d'autre sans vraiment broncher, comme si la liberté d'expression a toujours fait partie du paysage tunisien. Un paysage renversé, même si le boulevard est toujours parsemé de fourgons de police. Quand l'ENTV fait la publicité pour Facebook Parler de Facebook dans les journaux ou émissions télévisées est une chose, faire un spot pour promouvoir l'action sur ce réseau en est une autre. Comme à chaque période électorale, le service com du gouvernement algérien redouble d'ingéniosité (sachant qu'il n'en avait pas avant, le double ça ne fait pas beaucoup). Pour être à la page des “djeunz” , on commence par investir leur portable en envoyant des SMS, sauf que le “djeunz”, ça l'agace de recevoir un message pour l'inciter à voter lorsqu'il attendait un message plus humain. Les nombreux groupes sur internet qui dénoncent cette intrusion en témoignent avec beaucoup de détachement. Le spot de la télévision algérienne, aussi très partagé comme La blague du moment, est un autre exemple de rupture communicationnelle. Musique datée et inappropriée, images accélérées pour faire “djeunz”, dialogue robotique entre le fils et le père, le tout en citant la marque Facebook sur une télévision publique... c'est Mark Zuckerberg qui doit bien rigoler. Mais si vous aussi, ça vous dit de rire un peu c'est sur Youtube, titrée “Papa Papa je me connecte sur Facebook pour parler des…”
