Rencontrée lors de la présentation de son long-métrage au Festival international du film d'amour de Mons (Belgique), la cinéaste raconte son film et revient sur les différents thèmes qui le traversent. LIBERTE : Vous avez présenté votre film Kedach ethabni, qui est en compétition ici, dans le cadre du Festival international du film d'amour… Fatma-Zohra Zamoum : Je suis ravie de le présenter ici, d'autant que le parcours de ce projet, il y a deux ans, au mois d'octobre 2009, avait commencé en Belgique, au Festival international du film à Namur, puisque j'avais participé au stade du scénario et au début de son financement aux Ateliers de production organisés à Namur. D'une certaine façon, c'est un juste retour d'une aventure qui avait commencé là aussi. Ce long-métrage, vous le dédiez à votre maman ? Oui, absolument ! J'avais passé une dizaine d'années précédemment sur un long-métrage dont le sujet était l'atmosphère violente des années quatre-vingt-dix. Et après cela, j'avais envie d'aborder un sujet sur les humains de l'Algérie que j'aime, même si la vie donne parfois des coups de pieds ou des coups de poings. Il y a quand même des choses aimables qui font que l'on appartient à une culture et j'avais envie de parler de toutes ces choses-là. Et bien évidemment à l'enfance, à toutes ces choses qui font qu'il y a de la convivialité et de la générosité. On pense alors à sa mère. En tous cas, j'avais envie de rendre hommage à ma mère par ce biais-là. Il y a des moments où je pense à elle par certains gestes ou d'autres petites choses de la vie quotidienne. Notamment tout ce qui a trait à la cuisine… Absolument ! parce que c'est la parfaite illustration de la capacité qu'avait cette génération de femmes -en tous cas la génération de ma mère- à se consacrer presque exclusivement aux siens et à être disponible, dévouée, pleine et entière. Et je crois qu'on garde tous une idée comme ça, d'avoir reçu notre lot de bonheur dans l'existence. On garde cette générosité et cet amour-là au fond de nous. J'avais envie d'évoquer ces sentiments par le biais de personnages qu'on voit rarement dans le cinéma algérien, que sont les enfants et les personnes âgées. Comme l'Algérie est dans le monde comme les autres pays et que la vie se rallonge partout, cette génération-là, qui a maintenant soixante-dix ou soixante-quinze ans, est quand même assez importante, et je trouvais que c'était une belle façon de dire la vie d'aujourd'hui, les genres, le masculin et le féminin, les disputes territoriales, les problèmes d'amour et de vie à travers ces générations qui peuvent apporter beaucoup à la connaissance de ce qu'on est. Dire la vie donc par le biais d'un thème universel, qui est l'éclatement de la cellule familiale ? Oui. Maintenant il n'y a plus de tabou à travers cela parce qu'il y a beaucoup de couples qui divorcent en Algérie comme partout ailleurs, et dans une logique de vie quotidienne, de vie moderne qui n'a rien à envier à d'autres vies modernes, les métiers, les carrières, les difficultés, le mal-être, l'envie de changer de partenaire, donc plein de choses de ce goût-là. C'est effectivement très universel comme thématique, et c'est vrai que cela nous permet d'aller un tout petit peu plus loin. Ceci dit, je ne prétends pas apporter de réponse, ni du point de vue de l'enfant ni du point de vue des parents. Ce qui m'intéresse c'est ce que cette vacance parentale permet, comme la rencontre entre une génération de grands-parents et une génération d'enfants de huit ans. Il y a une spécificité algérienne, celle accordée à la situation de la femme. Nombreuses sont aujourd'hui celles qui, à la suite d'un divorce, se trouvent jetées à la rue… Absolument ! L'une des conséquences directes, c'est la question du domicile. Qui garde le domicile ? Qui garde l'enfant ? Et c'est vrai que toutes ces questions sont abordées aussi. Un projet ? Je suis en train de travailler sur un nouveau projet en écriture. Ce sera un projet musical. Là, j'ai travaillé avec un comédien qui est un chanteur de chaâbi. J'avais déjà entamé cette expérience et j'ai eu la grande chance d'avoir une comédienne qui aussi chanteuse, qui a joué la grand-mère, et je vais mettre les pieds dans quelque chose qui sera un film musical. A. M.