Bien que les listes ne soient pas encore finalisées, plusieurs membres du gouvernement Ouyahia ne sont pas tentés par la course pour un fauteuil de député. Décryptage. Certains ministres partisans ont déjà fait savoir à leur direction politique leur décision de ne pas déposer leur candidature. Plus de la moitié de l'exécutif n'est pas, pour diverses raisons, emballée par l'échéance électorale du 10 mai prochain. Outre les ministres sans parti, plusieurs autres appartenant au FLN comme au RND ne seront pas en compétition pour siéger dans la future Chambre basse du Parlement, préférant rester membres de l'Exécutif. Ainsi donc, au FLN de Abdelaziz Belkhadem, pas moins de cinq ministres n'ont pas déposé leur candidature au parti, croit-on savoir de sources proches de l'ex-parti unique. Outre le ministre de la formation professionnelle et celui des Relations avec le Parlement, respectivement El-Hadi Khaldi et Mahmoud Khedri, connus comme opposants à la ligne de l'actuelle direction, trois autres membres de l'exécutif leur ont emboîté le pas pour porter le nombre à cinq. En effet, selon des sources informées, Saïd Barkat, Moussa Benhamadi et Djamel Ould-Abbès ne conduiront pas, comme en 2007, les listes du FLN dans leur wilaya d'origine. Cette démarche pourrait être suivie par d'autres représentants du FLN au sein du cabinet d'Ouyahia. Il est ainsi attendu que Abdelkader Messahel et Nourredine Moussa décident de ne pas se porter candidats sur les listes du parti. Même si les choses ne sont pas encore définitivement tranchées, le même phénomène risque de se reproduire au sein de l'autre parti de l'alliance présidentielle, le RND en l'occurrence. On croit savoir que pas moins de trois ministres ont fait savoir à leur entourage leur intention de ne pas figurer sur les listes électorales pour, disent-ils, laisser place aux jeunes cadres. Si les candidatures de Chérif Rahmani, Nouara Djaâfar, Bouabdallah Ghlamallah et celle de Youcef Yousfi sont presque sûres et confirmées, sauf changement de dernière minute, ce n'est pas le cas pour celles du ministre des Moudjahidine, celui de l'Education nationale et le secrétaire général du gouvernement. Certaines indiscrétions avancent que ces trois derniers ne seraient pas emballés pour entrer en compétition électorale pour les futures législatives du 10 mai. Contrairement à leurs collègues du FLN et du RND, les quatre ministres du MSP ont tous décidé de se représenter en déposant leur dossier de candidature à la direction de leur parti. Si Benbada, Mimoun et Khanafou ont fait le choix de se présenter sur les listes dans leur wilaya natale, ce n'est pas le cas pour le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, qui conduira la liste de son parti dans la capitale au lieu de celle d'Aïn Defla. Ce choix serait dicté, selon des sources proches de la formation islamiste, par la décision de Soltani de ne pas se porter candidat alors qu'il était attendu à ce qu'il conduise la liste de la capitale. C'est en raison de sa popularité et le bilan de son département qu'il a été choisi par le président du MSP afin de conduire la liste d'Alger, en dépit d'une forte concurrence, notamment par les plus proches collaborateurs d'Abou Djerra Soltani. Outre les ministres partisans qui ont décidé de ne pas briguer le poste de député dans la future Chambre du Parlement, il faut ajouter les technocrates qui n'ont aucune attache partisane, à l'image de Khalida Toumi, Mourad Medelci, Karim Djoudi, Hamid Temmar, Mohamed Benmeradi, Abdelmalek Sellal, Souad Bendjaballah, Halim Benattallah, Abdelmalek Guenaïzia et Nacer Mehal. Comme lors des précédentes élections législatives, ces membres du cabinet d'Ouyahia ne sont pas intéressés par la compétition électorale, préférant se consacrer à la gestion de leur département ministériel. Quant au ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, il est exclu de fait de la compétition électorale en raison des obligations institutionnelles et constitutionnelles dévolues à son département ministériel dans l'organisation et l'encadrement logistique des élections législatives. S'agissant des premiers responsables des deux partis de l'alliance, on croit savoir de sources informées que les candidatures de Ahmed Ouyahia, actuel Premier ministre, et Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, ne sont pas totalement exclues pour des raisons politiques. En janvier dernier, la rumeur les avait donnés comme candidats pour conduire les listes de leur parti dans la capitale. Cette option a vite été abondonnée. Les deux hommes ont décidé de s'impliquer autrement en sillonnant le territoire national pour appeler à un vote massif et défendre les listes de leur formation. En attendant la clôture du dépôt des candidatures au niveau des quarante-huit wilayas, réglementairement prévue pour le 26 mars à minuit, d'autres ministres pourraient rejoindre le camp de ceux qui ont déjà fait le choix de ne pas briguer la députation. La liste définitive des membres du gouvernement, qui s'engageront dans la compétition, sera connue au lendemain du 26 mars prochain. C'est à partir de cette date que les secrétaires généraux des ministères seront chargés de gérer les affaires courantes jusqu'à la formation du nouveau gouvernement, au lendemain du scrutin du 10 mai. Le gouvernement sera donc en congé pendant près de deux mois, ne se réunissant que s'il y a grande urgence, affirment certaines sources. C'est ainsi donc que les ministres candidats seront invités, à travers une instruction, à diriger leur campagne électorale à partir de leur QG et avec les moyens de leur parti. Cette décision est prise dans le cadre du dispositif mis en place par le pouvoir pour garantir la régularité du scrutin et la neutralité de l'administration. Même les walis seront instruits pour ne pas s'impliquer ni s'afficher dans les meetings des ministres ni ceux des chefs du parti, même quand celui-ci occupe un haut rang institutionnel. L'on se rappelle de la polémique suscitée par l'article 93 du projet de loi portant régime électoral lors des débats à l'assemblée nationale en décembre dernier. Cette disposition contenue dans le texte initial du gouvernement exigait des ministres qui veulent se porter candidats de demissionner trois mois avant le scrutin. Cet article avait alimenté les débats des jours durant à l'hémicycle, comme sur la place publique et à travers les colonnes des journaux. Arguments contre arguments, les députés et ministres des partis de l'alliance, et notamment ceux du FLN, ont fini par gagner la bataille puisque cette disposition à tout simplement été supprimée sur instruction “d'en-haut”. Le projet final soumis au vote des parlementaires a été dépouillé de cet article si controversé. M A O