Après les Etats-Unis, la France vient de renouveler solennellement son soutien au Maroc dans la question sahraouie. Quelques jours seulement après le soutien “net et franc” apporté par Hillary Clinton à l'initiative d'autonomie du Sahara Occidental présentée par le Maroc, voilà le tour du ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, de lui emboîter le pas et de déclarer à partir de Rabat son appui tout aussi direct au Maroc sur cette question. Le chef de la diplomatie française répétera presque mot à mot les propos tenus par la secrétaire d'Etat américaine qui avait qualifié la proposition marocaine de “sérieuse, réaliste et crédible”. M. Juppé trouvera même l'occasion de renchérir un peu. Pour le chef de la diplomatie française, “le plan d'autonomie marocain constitue la seule proposition réaliste pour une solution au conflit du Sahara dans le cadre des Nations unies”. Au-delà “des mises en parenthèses” parfois mitigées de la gauche française au pouvoir, globalement, l'ancienne puissance coloniale s'est toujours alignée sur les thèses marocaines sur la question sahraouie. La nouveauté vient peut-être du fait que l'on parle à nouveau d'“un dégel” entre Rabat et Alger. C'est pourquoi, semble-t-il, M. Juppé a tenu à préciser qu'“il faut que la question du Sahara continue à être traitée dans le cadre des Nations unies et qu'elle ne soit pas un obstacle dans le processus de rapprochement entre le Maroc et l'Algérie. Il me semble que c'est la voie choisie par les dirigeants de ces deux pays. Nous ne pouvons que les encourager dans ce sens”, a-t-il assuré. Il faut souligner que les propos de M. Juppé interviennent à la veille de l'ouverture du prochain round de pourparlers informels sur le Sahara Occidental, du 11 au 13 mars à Manhasset, dans la banlieue de New York, conduites par Christopher Ross, représentant personnel pour le Sahara Occidental de Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies. Malgré leurs positions favorables au Maroc, les Etats-Unis et la France restent toutefois attachés à “une solution négociée” de la question du Sahara sous l'égide des Nations unies. Dans ce cadre précis, les deux puissances — membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU — auront, d'une manière ou d'une autre, un rôle à jouer dans la recherche de cette solution “mutuellement” acceptable tant souhaitée. Il reste seulement à espérer que leurs intentions de voir mettre fin à un vieux conflit soient vraiment sincères. Car beaucoup en douteraient par ces temps troubles où les puissances occidentales sont plutôt soupçonnées d'attiser des foyers de tension dans plusieurs parties du globe. Le prétexte souvent invoqué à l'occasion de ces troubles est la nécessité pour certains pays d'engager des réformes. Le Maroc étant, sur ce chapitre, cité maintenant en exemple, aussi bien par Hillary Clinton que par M. Juppé qui a été reçu lui successivement par le Chef du gouvernement, l'islamiste Abdelilah Benkirane, et par le roi Mohammed VI. Le chef de la diplomatie française n'a pas manqué de se déclarer d'emblée porteur d'un message de “soutien et de confiance” au Maroc. Le Sahara Occidental n'étant dans cette visite qu'un détail. Un détail, certes. Mais un détail de taille ! M-C L