Résumé : Nazim ruminait des idées noires. Il souffrait de sa situation tout autant que celle de Nedjma. La jeune femme ne semblait peut-être pas se rendre compte de la réalité des choses. Mais Nazim savait que le Dr Lyès n'allait pas tarder à lui déclarer sa flamme. Il était si malheureux qu'il se met à pleurer. La jeune femme le surprend sur le fait. Nazim s'assoit sur son lit et l'invite à en faire de même. Nedjma lui tendit un livre : - N'est-ce pas ce que tu cherchais ? Il prit l'ouvrage et s'écrie : - Ah ! Tu l'as trouvé ! C'est un ouvrage que je cherchais depuis plusieurs mois. - La porteuse de pain de Xavier Montepain. Je n'ai fait que le demander à une ancienne bibliothécaire. - C'est génial Nedjma. Je vais l'entamer dès ce soir. - Bien… Tu te sentiras moins seul avec une bonne lecture. C'est ce qu'on n'a jamais cessé de me répéter. - La lecture est une seconde nature chez moi. J'adore les livres… Je ne sais pas comment j'ai pu m'en passer tous ces derniers mois. Elle toussote : - Après ton accident, tu étais plutôt préoccupé par ton état de santé. ça s'explique. Il hoche la tête : - C'est vrai… Heu... Même que je le suis encore… - Non… Tu es beaucoup moins inquiet qu'à ton arrivée dans cette clinique. Reconnais que Dr Lyès a fait des miracles sur ton moral. Nazim acquiesce : - Oui… Je ne renie pas son geste envers moi. Il a été d'un précieux soutien moral. - Et moi donc ? Elle souriait de toutes ses dents, et Nazim eu un mal fou à garder son calme. Il voulait tout à coup lui dire les quatre vérités en face. Lui crier au visage qu'il en avait marre de souffrir. De souffrir seul pour une cause non partagée. Il voulait lui avouer son amour pour elle et les nuits blanches qu'il passait à ruminer des idées noires. Il appréhendait l'avenir ! Maintenant son physique lui importait peu. Il savait que s'il la perdait, plus rien n'aura d'importance pour lui. Il se racle la gorge avant de répondre : - Toi… ? Mais bien sûr que tu as joué un rôle indéniable dans ma torture morale. - Pardon ? Il fait mine de rire : - Non… Tu n'as rien compris bien sûr… Je voulais juste te taquiner… Grâce à toi j'ai pu reprendre pied et apprécier la vie. Maintenant je veux vivre pour admirer chaque lever du soleil et attendre tes visites. Elle rit : - Tu parles en termes poétiques. Pourrais-je savoir ce qui se trame dans ton esprit ? Elle met un doigt sur son front et touche les bandages qui l'entourent : - Là dedans… Qu'y a-t-il Nazim ? Il prend sa main et sans réfléchir l'approche de sa bouche. Elle se rétracte mais le laisse faire. Il la fixe dans les yeux et lui dit sans chercher ses mots : - Je t'aime Nedjma. La jeune femme sursaute et retire promptement sa main. Elle le regarde d'un air curieux et s'éloigne instinctivement de lui. - Excuse-moi… Excuse-moi, je crois que je t'ai brusquée. Nedjma se lève et tire sur son pull d'un air nerveux avant de répondre d'une petite voix : - Je ne sais pas comment tu peux encore aimer après tout ce que tu m'as raconté… Je pensais que depuis ton accident tu ne pouvais plus t'attacher à quelqu'un. - Exact… Mais il se trouve que tu es là… Et… (il s'humecte les lèvres)… j'ai réappris à faire confiance à mes sentiments. J'ai réappris à vivre. Comme je te l'ai déjà précisé, je veux encore rêver. Je crois que tu m'as accroché au premier regard. Mais je ne voulais rien m'avouer. Je fuyais une réalité qui s'imposait à moi. J'ai voulu te fuir, retrouver ma sérénité morale et ne penser qu'au jour où je sortirai de cette clinique avec un visage neuf. Mais vois-tu, je n'ai pu attendre jusque-là pour t'avouer mes sentiments… Tu es trop proche de moi maintenant pour que je me contente de cacher le soleil avec un tamis. (À suivre) Y. H.