Résumé : Nedjma semble porter un lourd fardeau sur ses épaules. Le passé la faisait encore souffrir. Nazim avait touché une corde sensible en lui demandant de lui parler d'elle. Il lui conseille de ne plus refouler ses souffrances et de se confier. Seule cette thérapie pourra lui permettre de vivre et surmonter les démons du passé… Nedjma hoche la tête : - C'est gentil de la part de quelqu'un qui souffre encore de ses blessures. Je crois savoir aussi que tu n'es pas encore totalement remis de ta déception sentimentale. Nazim pousse un long soupir : - J'avoue que depuis que je t'ai rencontrée, je me sens bien moins seul. D'ailleurs, tu as pu constater que ma confiance en toi est illimitée, puisque moi, j'ai eu le courage de te raconter ma vie. Nedjma acquiesce. - Tu as raison. Moi, je suis le vilain petit canard qui se cache dès qu'on s'approche trop de lui. Elle soupire de son côté. - J'aimerais tant pouvoir me libérer de ce poids sur mon cœur et ma conscience. - Qu'attends-tu ? Fais-le ! - Tu es prêt à écouter mes balivernes ? - Plus que jamais. - Et si on laissait ça après ton opération ? - Il n'en est pas question. Le Dr Lyès m'a certifié l'autre jour que les sutures qu'il aurait à entreprendre autour de mes lèvres vont me gêner énormément pour parler. Alors profites-en maintenant que je peux encore te réconforter. Nedjma sourit. - Il n'y a pas que l'expression orale. Parfois il suffit d'un geste ou d'un regard. - Hum… Tu parles trop pour ne rien dire, Nedjma. Ma patience a des limites. Il prend un air menaçant et brandit son index : - Jeune fille, je vais te poursuivre jusqu'au bout du monde pour connaître le fond de tes pensées. Et comme je ne suis pas trop beau à voir en ce moment, je doute fort que ce jeu te plaira. Nedjma sourit. - Oh, je ne vais pas te permettre d'aller jusque-là mon petit fantôme ! Tu sais que tu es très beau avec tes bandages blancs. Elle rit. - Te rends-tu au moins compte que c'est sous cet aspect que je te connais depuis notre première rencontre ? Nazim baisse la tête et murmure : - Tu as peur de moi Nedjma ? Tu as peur de découvrir plus tard mon visage mutilé ? Nedjma lui donne une tape sur le bras. - Petit nigaud. Je plaisantais. Et je n'ai pas peur. Pas du tout alors. Je n'ai pas peur de découvrir ton visage. Je… je suis plutôt pressée de voir ton visage après toutes les opérations que tu devras subir. Je sais que le Dr Lyès ne te lâchera pas de sitôt. Du moins, pas avant que tu n'aies un visage “acceptable”. Nazim sentit une bouffée de chaleur monter tout au long de son corps. - Et si cela ne se produit pas ? Et si je dois garder mes cicatrices et mon visage mutilé à jamais ? Nedjma hésite une seconde puis se reprend : - Pourquoi anticipes-tu les choses ? Regarde un peu mon visage. Il n'était pas beau à voir non plus lorsque je suis arrivée dans cette clinique. Mais ce génie de médecin a su lui rendre son aspect initial sans trop de mal. - Ce n'est pas la même chose Nedjma. Toi tu es tombée d'une certaine hauteur. Ton visage n'était pas brûlé. Tu avais des blessures qui… - Oh arrête s'il te plaît. Si tu avais vu dans quel état j'étais, tu n'aurais pas cru tes yeux. Et puis pourquoi avons-nous bifurqué ? Nous devions parler de moi et non de toi. Tu m'as déjà tout raconté sur toi. Nazim ébauche un sourire. - Mais ce sont tes hésitations qui nous ont amenés à faire ce petit détour sur nous-mêmes. Il lui entoure les épaules de son bras. - Nedjma, je ne vais pas trop t'embêter avec des questions qui peuvent peut-être te blesser. Mais je suis prêt à t'écouter jusqu'au bout si cela peut te faire du bien. Nedjma se laisse aller contre lui. Elle sentait que Nazim ne cherchait qu'à l'aider et se sentit honteuse d'être si distante. - Je vais déballer mon sac. Gare à toi si tu m'interromps, ou, au cas où tu trouverais cela ennuyeux, tu essayes de te dérober car cette fois-ci, c'est moi qui vais te poursuivre. À suivre Y. H.