La facture alimentaire algérienne vient de subir un avenant de plus de 6 milliards de dollars en 2011. D'un côté, des besoins croissants des citoyens et de l'autre une production agricole qui patauge dans la bureaucratie et l'informel malgré les milliards de dinars de subventions injectés. Après la viande rouge qui se négocie aux alentours de 1 200 DA/kg, puis la baguette de pain à 10 DA, c'est la pomme de terre qui prend des ailes. Taxée à 100 DA/kg par des marchands de fruits et légumes ne possédant même pas de registre de commerce et qui ne payent pas un centime aux impôts, la pomme de terre est devenu inaccessible pour tout le monde. Plusieurs justifications sont avancées. Une production insuffisante, un marché informel, des chambres froides manipulées par des courtiers-fraudeurs, des marchés de gros qui n'ont que le nom, des services agricoles noyés dans la bureaucratie, des services de contrôle débordés par l'ampleur de la fraude, un circuit commercial qui échappe à l'Etat et un consommateur passif. “Je ne comprends pas cette hausse. Mais des causes objectives existent. Cette année, je n'ai cultivé que 20 hectares de pomme de terre au lieu de 100 ha. D'abord à cause de la cherté des semences qui dépassent les 70 DA/kg, ensuite les maladies tel le mildiou, et surtout aucune garantie pour écouler ma marchandise. Qui achètera la totalité de ma récolte ? C'est aux services compétents d'assurer la vente de nos produits. Je ne veux pas subir une mévente. Ce sera ma ruine”, explique amèrement un producteur oranais de pomme de terre avant d'ajouter : “Il ne faut pas oublier l'informel qui dérègle le marché. L'offre oranaise est insuffisante et la production de la wilaya d'Aïn Defla a mis du retard”. D'autre part, certains producteurs ont pointé du doigt les problèmes climatiques qui ont détruit une bonne partie de la récolte de cette année. Où est l'Etat pour réguler le marché ? Une fois de plus, le dindon de la farce reste toujours le consommateur. “Le manque d'une politique agricole claire perturbe le monde agricole. Des producteurs ont souvent jeté leurs produits car il n'y avait pas preneur. Du coup, ils évitent de réaliser une production importante. Il faut un cahier des charges qui garantit la réception de toute la production des producteurs après une planification chiffrée”, suggère un cadre des services agricoles. Les professionnels du monde agricole (céréaliers, éleveurs des différentes viandes, les producteurs laitiers…) exigent une feuille de route claire où les intérêts des différents partenaires soient garantis, les consommateurs inclus. N B