Résumé : Nedjma tente d'engager une conversation avec Nazim. Le jeune homme lui semblait si malheureux, qu'elle est désemparée. Elle lui avait apporté un livre qu'il cherchait depuis très longtemps. Ce geste le touche. Il lui avoue qu'il avait repris goût à la vie grâce à sa présence à ses côtés. Puis ne tenant plus, il lui déclare sa flamme. Nedjma garde le silence. Elle avait baissé les yeux et contemplait le parterre d'un air détaché. Nazim poursuit : - Bien sûr, il n'est pas dit que tu devrais partager mes sentiments. Je ne vais pas m'imposer à toi. Tu es libre Nedjma… Tu es libre de vivre ta vie à ta guise. Et surtout de ne pas donner suite à la proposition d'un être sans visage comme moi. Nedjma fait deux pas et s'arrête en face de lui : - C'est pour cela que tu pleurais ? Il hoche la tête d'un air désolé : - Oui… Je ne suis pas fait en métal Nedjma. Je suis un être humain avec un cœur et du sang dans les veines. - Je t'ai toujours trouvé romantique, Nazim. - Ah ! Et tu n'aimes pas bien sûr les romantiques. Les hommes en particulier. N'est-ce pas un signe de leur faiblesse, le romantisme ? - Oh non ! s'écrie la jeune femme. Oh non ! Ne crois pas que nous, les femmes, sommes faibles puisqu'on dit que nous sommes plus sensibles. Non ! Ce trait de caractère est typique à un être humain normalement constitué. Sauf que certains machos se croient au-dessus des autres. Nazim pousse un soupir : - Mais tout ce résumé ne répond pas à ma proposition. - Laquelle ? Nazim se lève et s'approche d'elle : - Ne joue pas les innocentes Nedjma… Je suis certain que tu as bien saisi le fond de ma pensée. - Je ne suis pas obligée de te répondre tout de suite. Nazim sourit : - Parfait… Je devrais conclure dans ce cas que tu n'es pas contre le fait que je sois tombé amoureux de toi. - Cela ne se commande pas, voyons ! - Oui, mais cela devrait se partager, sinon quelle importance aurait mon sentiment envers toi. Elle sourit : - Tu tombes amoureux d'une femme boiteuse et à peine sortie d'une impasse bien délicate. Il la prend par les épaules : - Je tombe amoureux d'une femme formidable… Une femme qui m'a aidé à reprendre pied au moment où le monde entier m'avait abandonné. Que tu boites ou que tu sois borgne, cela m'est bien égal, du moment où toi-même tu ne connais même pas mon visage. Elle redevint sérieuse : - Heu… l'autre jour dans le bureau de Dr Lyès, je suis tombée sur une de tes photos. Je… je t'avoue que je suis restée sans voix devant ton physique… Tu étais si beau Nazim. - Oui… Je l'étais… Mais je ne le suis plus maintenant. Je ne suis plus qu'une loque ambulante. Elle met une main sur son bras : - Ne sois pas donc aussi sceptique… Dr Lyès m'a certifié que tu vas retrouver un beau visage. Pas celui que tu as perdu, mais un visage assez agréable à regarder. - Et dans le cas contraire ? - Tu veux dire au cas où les opérations ne réussiraient pas ? - Oui… Rien n'est encore joué. - Mais si… Tout est déjà joué puisque la charpente de son visage est déjà remodelée. Il reste les joues et les quelques retouches d'usage… Dr Lyès échoue rarement dans ce qu'il entreprend, d'où sa renommée. Tu vois bien qu'il a déjà travaillé sur mon visage et, ma foi, je ne suis pas trop mécontente. - Tu es sublime… Il t'a rendue non seulement belle, mais il t'a donné aussi le moyen le plus sûr de rendre un homme malheureux. (À suivre) Y. H.