Regroupée au sein d'une coalition de dix partis politiques, l'opposition mauritanienne est montée au créneau lundi en organisant une marche et un rassemblement réunissant des milliers de manifestants dont la principale revendication est le départ du pouvoir du président Mohamed Abdel Aziz. Calme durant toute cette période où d'autres pays arabes ont été secoués par des manifestations populaires, qui ont conduit à la chute de chefs d'Etat que l'on croyait indéboulonnables, à l'instar de Hosni Moubarak, Zine El-Abidine Ben Ali ou Mouammar Kadhafi, la Mauritanie a vécu lundi une imposante manifestation appelant le général Mohamed Abdel Aziz à partir. Ainsi, des milliers de partisans de l'opposition en Mauritanie ont marché à Nouakchott pour réclamer le départ du pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz, qu'ils accusent d'être notamment à l'origine d'une “crise politique”. “Aziz dégage”, “Départ de Aziz : une nécessité absolue”, “Les prix du carburant 23 fois augmentés”, ont notamment scandé les manifestants qui répondaient à l'appel de la Coordination de l'opposition démocratique, qui réunit dix partis politiques. Ils ont parcouru environ six kilomètres pour se retrouver dans un meeting populaire, le plus important organisé par la COD depuis deux ans. Ils brandissaient des banderoles et des pancartes appelant au départ du régime d'Ould Abdel Aziz et fustigeant son bilan qu'ils ont qualifié de “scandaleux pour le pays”. Le chef de file de l'opposition démocratique, Ahmed Ould Daddah, a affirmé, lors du rassemblement, que “cette marche, ce meeting grandioses ont valeur de référendum pour le déguerpissement de Mohamed Ould Abdel Aziz”. De son côté, le président de la COD, Ba Mamadou Alassane, a estimé que “le départ de Aziz est l'unique solution à la crise politique dans le pays, toute autre solution que son départ est bien tardive, notre seul et unique devise : déguerpissez !” À signaler que l'ancien président de la transition militaire (2005-2007), Ely Ould Mohamed Vall, était présent au meeting. Il s'agit de sa première apparition à une manifestation publique de l'opposition depuis l'élection présidentielle de 2009 remportée par Mohamed Ould Abdel Aziz. Ould Mohamed Vall a promis de revenir en force sur la scène politique “dans les jours ou mois qui viennent”. Il a estimé “illégales les institutions présidentielles et parlementaire en place”, affirmant que le coup d'Etat qui a porté Ould Abdel Aziz au pouvoir un an avant son élection en 2009, “n'était pas le fait de l'armée, mais il s'est agi plutôt d'une rébellion individuelle” de son auteur. Mohamed Ould Abdel Aziz, qui était général lorsqu'il a déposé en août 2008 le premier président démocratiquement élu du pays, Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Il a ensuite été élu en juillet 2009 avec plus de 53%. Les résultats des scrutins avaient été rejetés par l'opposition qui a dénoncé des fraudes. L'ex-président Ould Mohamed Vall a également exhorté les Mauritaniens et la communauté internationale à boycotter les lois approuvées par l'actuel Parlement bicaméral du pays, estimant que son “mandat est terminé depuis novembre 2011” et qu'il “travaille dans l'illégalité totale”. Le 6 mars, l'Assemblée nationale et le Sénat mauritaniens, réunis en congrès, ont validé des amendements de la Constitution, dont l'interdiction des coups d'Etat et la criminalisation de l'esclavage, au cours d'un vote boycotté par l'opposition. Ces amendements étaient issus d'accords politiques conclus fin octobre 2011 entre une partie de l'opposition et la majorité au pouvoir. Il y a lieu de rappeler que le pouvoir du président Ould Abdel Aziz dispose d'une majorité confortable dans les deux Chambres (119 parlementaires sur 151). M T