Les Mauritaniens se rendent aux urnes aujourd'hui pour le premier tour de l'élection présidentielle anticipée. L'enjeu du scrutin est de taille, il s'agit de replacer le pays dans le concert des nations en déterminant quel sera le candidat le plus à même de le sortir de l'impasse politique et économique dans laquelle se trouve la Mauritanie depuis août 2008 lorsque les militaires ont chassé le président de la République. Un putsch sans effusion de sang, mais dont la violence symbolique avait marqué les esprits puisqu'il mettait fin au mandat du premier président démocratiquement élu depuis trente ans. La compétition est serrée. Au total, ils sont neuf prétendants pour un seul fauteuil. Mais quatre prétendant se démarquent du lot. D'un côté, deux anciens putschistes et anciens chefs de l'Etat : Mohamed Ould Abdel Aziz et Ely Ould Mohamed Vall. De l'autre, deux leaders de l'opposition : Ahmed Ould Daddah et Messaoud Ould Boulkheir. Dans les rangs du dernier général putschiste (Mohamed Ould Abdel Aziz), on se montre très confiants et le candidat lui-même est certain de l'emporter dès le premier tour ! Le général compte sur une position partagée dans le monde arabe, des électeurs attirés par celui qui représente le pouvoir. Fort de ses dix mois passés à la tête de l'Etat, Mohamed Ould Abdel Aziz est accusé par ses rivaux de jouie d'une longueur d'avance. En outre, durant son court règne, les prix des denrées de première nécessité, du gaz et du gazoil, ont baissé et des routes ont été construites et des promesses faites aux habitants des bidonvilles. Mohamed Ould Abdel Aziz est au moins assuré de la première place. La question est qui sera contre lui au second tour ? Ahmed Ould Daddah, Messaoud Ould Boulkheir ou Ely Ould Mohamed Vall ? Ould Daddah dispose d'une légitimité historique incontestable, en tant que fils du fondateur de la République de Mauritanie, mais sa position ambiguë au moment du coup d'Etat qu'il n'a pas condamné pourrait lui jouer un tour. Messaoud Ould Boulkheir, le président de l'Assemblée nationale, pourrait créer la surprise. Ce haratine (descendant d'esclaves) s'est opposé sans relâche au putsch au cours des onze derniers mois. Quant à l'outsider Ely Ould Mohamed Vall, l'ancien président de la transition militaire, qui a annoncé sa candidature après plusieurs mois de silence, ne semble pas avoir réussi le pari de son grand retour en politique. La Hapa, la haute autorité de la presse et de l'audiovisuel, et la CENI, la commission électorale indépendante, espèrent que les candidats qui ont signé une charte de bonne conduite respecteront le verdict des urnes. Des candidats ont déjà annoncé qu'en cas de défaite, ils n'hésiteraient pas à descendre dans les rues ! D. B.