Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a déclaré, hier, en marge du Forum des pays méditerranéens d'Alger que la coopération entre l'Algérie et l'UE évoluera dans une prochaine étape vers l'identification des priorités et des projets de coopération, notamment dans l'énergie. Sur ce point, il a indiqué qu'un accord stratégique sur l'énergie sera signé prochainement avec l'Union européenne. Il mettra l'accent, dans ce sens, sur le fait que l'Algérie n'a pas pour seule ambition d'être un fournisseur d'énergie aux Européens mais qu'elle veut se positionner sur le marché européen par le biais de Sonatrach. Pour ce qui est de l'Union pour la Méditerranée, M. Medelci a indiqué qu'Alger attend des "clarifications" sur le projet avant d'annoncer sa participation au sommet de Paris le 13 juillet prochain. Le ministre des Affaires étrangères a indiqué, dans une conférence de presse tenue à l'occasion du Forum des pays méditerranéens, que la décision de l'Algérie de participer au sommet de Paris ne sera connue que lorsque le contenu du projet d'UPM sera connu dans ses objectifs, ses projets, son fonctionnement et également les effets politiques, avec l'intégration d'Israël à ce projet. Il a estimé qu'il ne peut y avoir de position sans une déclaration finale sur les clarifications demandées afin d'amener ensuite des propositions. Dans ce contexte, il a laissé entendre qu'Alger se déterminerait à l'issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères des candidats à l'UMP, prévue pour le 12 juillet à Paris, la veille du sommet où l'Algérie sera représentée. A noter qu'une réunion des hauts fonctionnaires est aussi prévue en Slovénie les 9 et 10 juin en cours. Pour M. Medelci, "un projet d'une telle envergure ne peut être accepté totalement du premier coup". S'agissant des effets politiques de l'UPM, M. Medelci a réaffirmé la position de l'Algérie quant au refus total de la normalisation des relations avec Israël. Il a indiqué que "parmi les points à clarifier, les conséquences de la présence d'Israël au sein de l'UPM". "Ce n'est pas l'UPM qui doit pousser la normalisation (des relations) entre Israël et les pays arabes, à laquelle n'était pas parvenu le processus de Barcelone" de 1995 liant l'UE à cinq pays du sud de la Méditerranée. Selon lui, "le processus de normalisation avec Israël relève d'un autre débat" parmi les pays arabes qui ont voté à Beyrouth en 2002 une résolution réclamant l'évacuation par l'Etat hébreu des territoires palestiniens occupés en 1967 contre la normalisation de leurs relations. Cette résolution a été confirmée par le dernier sommet arabe de Ryad (Arabe Saoudite). Par ailleurs, il a souligné que les pays membres de la future UPM n'ayant pas de relations avec Israël ne devaient "pas être contraints de participer à des projets communs" avec cet Etat au sein de l'UPM. Pour ce qui est des structures de l'UPM, l'Algérie a demandé des clarifications sur, notamment, la co-solidarité ,la co-présidence, la co-responsabilité , définir la relation entre le secrétariat général, le comité des ambassadeurs, leurs positions, leurs capacités et le financement. Et d'ajouter qu'il y a eu des clarifications sur ces interrogations. Cependant, selon M. Medelci, "il faudra plus de clarification afin de pouvoir passer à la mise en œuvre du projet d'UPM avant la fin de l'année". Alger reste également réservée sur la dénomination de "l'union" et attend des clarifications après des concertations aux niveaux maghrébin, arabe et méditerranéen, puisque selon le ministre, le projet de l'UPM doit rajouter un plus au processus de Barcelone. Pour le chef de la diplomatie, on ne peut attendre le 13 juillet pour que toutes les questions soient clarifiées car "le champ des efforts reste ouvert pour la mise en œuvre de l'UPM à partir de 2009 jusqu'à 2013". En outre, il a évoqué quelques craintes de la rive sud de la Méditerranée relatives au fait que les centres de décision ne soient monopolisés par l'ensemble européen, vu le déséquilibre qui a marqué les relations liant la rive sud et la rive nord de la Méditerranée. A ce titre, le ministre des Affaires étrangères a affirmé que la partie sud veut changer cette orientation dans les relations avec l'UE et arriver à une coopération équilibrée, multilatérale et transparente, ajoutant que les pays du Sud veulent amener leur empreinte sur certains projets. Interrogé sur un hypothétique retrait de l'Algérie de l'UPM, en cas d'absence de la déclaration finale sur les clarifications demandées, le ministre a expliqué que ceci est possible même si l'Algérie participe en tant que membre à la réunion du 13 juillet. Pour sa part, le chef de la diplomatie française, M. Bernard Kouchner, a souligné dans une déclaration à la presse que l'initiative de l'UPM est française, "mais c'est un projet pour l'ensemble des deux rives de la Méditerranée". Dans le communiqué conjoint de la 15e conférence ministérielle du Forum méditerranéen, les ministres ont appelé à l'intensification des consultations sur les questions en suspens, avant le sommet de Paris. Dans cette perspective, ils ont examiné les propositions visant à renforcer la co-appropriation de la gestion du processus de Barcelone. Concernant, la co-présidence, le secrétariat et les projets de l'UPM, il a été convenu de la nécessité d'associer l'ensemble des partenaires du processus euro-méditerranéen à l'élaboration de la déclaration de Paris. A noter que la prochaine réunion du Forum est prévue à Naples, en Italie, à l'automne 2009.