Lorsque les groupes parlementaires de l'Alliance présidentielle, ou de ce qui en reste après le retrait du MSP, “se battaient” au sein de l'Assemblée nationale sortante contre la disposition du projet de loi électorale obligeant les partis politiques à présenter 30% de femmes dans leurs listes de candidats, on pensait que pour les députés de ces formations, des hommes, dans leur écrasante majorité, l'enjeu était d'ordre personnel : pour mettre de leur côté le plus de chance de rempiler pour un nouveau mandat parlementaire, il fallait réduire le quota alloué aux femmes. Les députés du FLN et du MSP n'étaient donc pas des misogynes, pensait-on, mais seulement de fins calculateurs, aptes au “combat” lorsqu'il s'agit de préserver les positions privilégiées qui sont les leurs. À présent que les listes de candidats sont ficelées et déposées, il apparaît nettement que la levée de boucliers parlementaire contre les 30% était aussi d'ordre politique, voire idéologique. Les femmes, désormais plus éclairées sur la place réelle que leur réservent ces partis, le RND y compris, sont les premières à le dire. Et à redécouvrir que, dans l'environnement rétrograde qui est le produit d'un demi-siècle de compromis permanent avec l'obscurantisme, l'on continue à aimer les femmes pour ce qu'elles peuvent offrir en… commodités en tous genres : le plaisir des sens, la bonne cuisine, la procréation… Nouveauté : l'on tire désormais de la femme-objet un bénéfice politique. Au nom de la loi. Les partis politiques partants pour les législatives du 10 mai n'ont, pour la plupart d'entre eux, et pas seulement ceux de l'Alliance présidentielle, inscrit des femmes sur leur liste que parce que contraints de satisfaire à une disposition légale. Du coup, rares sont les candidates portées en tête de liste ou classée à “une position éligible”. Plus grave, cette disposition de la loi électorale, le FLN de Belkhadem en a fait un double usage dans la confection de sa liste pour la circonscription d'Alger dans laquelle il a fait figurer, à la quatrième place, une femme dont le profil est “parlant”, l'ex-épouse de Youcef Al-Qaradaoui, le cheikh mondialement connu pour ses accointances avec l'islamisme radical. Que l'institution légale d'un quota de femmes dans les assemblées élues puisse ainsi servir d'alibi pour tenter de séduire l'électorat islamiste, voilà sans doute la pire des humiliations faites à la femme. La femme-objet politique est arrivée. Servez-vous, Messieurs. S. C.