Le gouvernement n'est pas prêt à faire plus de concessions. C'est ce qui ressort de la conférence de presse animée par le chef de cabinet du ministre de l'éducation nationale. Lors d'une conférence de presse, tenue hier, au siège du ministère de l'éducation nationale, M. Khaldi, chef de cabinet du ministre de l'éducation nationale, a tenu à préciser que la revalorisation des salaires concernera les personnels régis par le décret n°90-49 du 6 février 1990 portant statut particulier des travailleurs du secteur de l'éducation. Elle touchera donc plus de 400 000 fonctionnaires des trois cycles de l'enseignement (primaire, moyen et secondaire). Cette augmentation concernera même les corps assimilés au niveau de tous les paliers, à savoir les corps des personnels de direction, de l'inspection et de contrôle, de surveillance, de l'orientation scolaire et professionnelle et ceux de l'intendance. Cette revalorisation sera versée sous forme d'une indemnité supplémentaire dénommée indemnité de qualification. Cette dernière sera intégrée dans le salaire mensuel. Un professeur du secondaire à l'échelle 15.3 qui touchait 20 350 DA percevra, à partir de janvier prochain, 25 350 DA. Ce gain net de 5 000 DA découle d'un montant brut de 6 500 DA après les prélèvements dus aux impôts et taxes. Par conséquent, ce montant est comptabilisé pour le calcul de la retraite. Cela a été confirmé lors de cette conférence animée par le chef de cabinet du ministre. Les conférenciers semblaient confiants quant à la reprise des cours. “C'est une augmentation conséquente et appréciable qui a été créée nouvellement et spécialement pour les enseignants. C'est la première fois que cela se produit dans notre pays. Nous interpellons la sagesse de tous les concernés dans ce conflit”, a déclaré M. Khaldi. Ce responsable a affirmé qu'il a rencontré tous les syndicats du secteur et, selon lui, cette revalorisation des salaires a été bien appréciée par la majorité, mais il reste que ces organisations doivent consulter leur base pour une décision définitive. Par ailleurs, “des commissions mixtes ont été constituées entre des cadres du ministère de l'éducation et des professeurs. Elles traiteront du statut particulier de l'enseignant, de la retraite et de la réforme de l'enseignement secondaire.” Toutes les sanctions et poursuites judiciaires seront levées, à l'exception des ponctions sur salaire. Cependant, cette décision “n'est pas figée et sera réexaminée dans le cadre des rattrapages des cours bloqués”, affirme M. Khaldi. Le Cnapest semble faire défaut à ce consensus. Ses représentants ont été reçus en tant que délégation d'enseignants grévistes et pas comme des syndicalistes. C'est d'ailleurs le point de discorde avec la tutelle qui a fait que les négociations demeurent bloquées. Selon le conférencier, une autre rencontre est prévue avec cette organisation sans pour autant avancer une date précise. Le chef de cabinet du ministre a officiellement démenti l'information parue dans la presse nationale selon laquelle l'Unesco n'allait pas reconnaître le bac algérien si la grève venait à durer plus de 5 semaines. Mourad Belaïdi Lycées d'Alger La tendance est à la reprise Le recours, une nouvelle fois, à la grève n'est pas exclu si le ministère ne met pas en œuvre les mesures qu'il vient de décider. Après plus d'un mois de protestation des enseignants du secondaire, animé par les deux conseils autonomes, le Conseil des lycées d'Alger (CLA) et le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), la situation est-elle sur le point de connaître un début d'apaisement après l'annonce de l'augmentation des salaires sous forme d'indemnités, décidée, jeudi, par le ministère de tutelle ? Même si le Conseil des lycées d'Alger n'a pas annoncé officiellement la décision de la reprise des cours, la tendance générale chez les enseignants contestataires est à la levée du mot d'ordre de grève. La question a été longuement débattue, hier, lors des assemblées au niveau des lycées de l'Algérois. Notons que cette décision fera l'objet d'un vote, aujourd'hui, à l'assemblée générale du Conseil des lycées d'Alger au siège du Cnes. “Nous ne sommes pas satisfaits de cette augmentation, mais nous n'allons pas nous entêter. De toutes les façons, nous sommes obligés de reprendre les cours, car nous refusons l'année blanche. Les professeurs du lycée Okba sont favorables à la reprise des études, mais la décision finale revient à la base du mouvement”, déclare Mlle Ikrame, enseignante de langue espagnole au lycée Okba. Elle ajoute : “Nous considérons que les 5 000 dinars d'augmentation, ce n'est pas un échec mais un acquis du mouvement de protestation, nous l'avons arraché par notre mobilisation et par l'union de tous les enseignants.” Les enseignants du secondaire semblaient confiants concernant les autres points de revendication (le statut particulier du professeur du secondaire et la retraite après 25 ans de service) qui font toujours l'objet d'étude des groupes de travail mixte ministère de l'Education nationale — représentants des enseignants du secondaire. Par ailleurs, le débrayage a eu lieu, hier, comme il a été prévu, mercredi dernier, par les syndicats autonomes : Conseil des lycées d'Alger (CLA), et le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement du secondaire et technique (Cnapest) qui refuse de s'asseoir à la table des négociations au nom des représentants des enseignants grévistes. “Même si nous reprenons les cours, nous n'oublierons et nous ne pardonnerons jamais le mépris et l'intimidations dont nous étions victimes ces derniers mois. Si le ministre ne met pas en application ces propositions, nous recourrons, encore une fois, à la grève, c'est notre seule arme”, conclut un professeur du lycée l'Emir-Abdelkader. N. A.