Quand je vois avec quels moyens la télévision française a célébré le 34e anniversaire de la mort de Claude François, j'en reste baba, j'en suis retourné. Rien n'a été laissé au hasard pour les besoins du souvenir, ni ses tubes, ni ses costumes, ni sa passion dévorante pour France Gall, ni son enfance à Alexandrie, ni la trahison de sa première femme avec Gilbert Becaud... Du grand art, si l'émission n'avait pas évité le voyeurisme. La vie tumultueuse de la star a été décortiquée, passée à la loupe, à la moulinette, que ce soit ses débuts malheureux dans un orchestre de troisième ordre à Nice et à Paris, ou sa lente ascension vers les sommets de la gloire, encadré et soutenu par la seule femme qui n'a jamais compté pour lui, sa mère, pas un détail n'a échappé au radar. Pas même la manie de sa génitrice qui empruntait sans rembourser ses créanciers uniquement pour jouer au casino. Aujourd'hui, Clo clo est une immense vedette élevée au rang de mythe, sa statue en cire est au musée Grévin et la France pleure à chaque fois que ses chansons sont revisitées. Chez nous, les artistes sont enterrés deux fois, pour être sûr qu'ils ne hanteront personne. Connaissant l'ingratitude légendaire d'Oran, Wahby a été inhumé à sa demande au cimetière algérois de Sidi Yahia où il repose depuis. Mais le comble, c'est qu'il n'est même pas né dans cette ville qui s'est toujours attribué sa paternité. Il a vu le jour dans un bateau, sur les eaux internationales entre Marseille et Oran. Pas la peine d'ouvrir de grands yeux, je le tiens de l'artiste lui-même. M. M.