Fléaux L'Algérie officielle a célébré ces jours derniers la troisième année du troisième mandat du président Bouteflika. Le bilan reste mitigé. Au tableau rose, une situation financière très confortable avec un matelas de devises de près de 200 milliards de dollars, un endettement extérieur insignifiant dont le stock représente moins de 10% de nos exportations hydrocarbures. Autres points positifs, une amélioration des conditions de vie d'une partie de la population avec la réalisation de centaines de milliers de logements et des progrès réels dans la dotation en eau pour la grande majorité de la population. Un bon point également, de nombreux chantiers en matière de modernisation des infrastructures sont achevés : métro d'Alger, tramways d'Alger et d'Oran, une bonne partie de l'autoroute Est-Ouest (tronçons ouest et centre), seconde rocade d'Alger, grands transferts des eaux Mao-Tamnrasset-In Salah, Béni Haroun-Hauts-Plateaux. Au tableau gris, la corruption a atteint une telle ampleur qu'elle menace même la sécurité du pays. En outre, les restes à réaliser sont énormes dans ce mégachantier de développement des infrastructures de base. Les surcoûts sont très importants. Les glissements dans les délais de réalisation sont récurrents. Un indice que l'Algérie n'a pas réglé toutes ses difficultés dans la maîtrise des grands projets. Le dérapage dans les dépenses publiques n'incite guère à l'optimisme. En cas de retournement durable du marché pétrolier, l'Algérie ne pourra poursuivre cette politique soutenue d'investissements publics. C'est pourquoi le Forum des chefs d'entreprise a appelé de manière pertinente à un nouveau régime de croissance fondé moins sur la dépense publique, appuyé plutôt sur l'essor de l'entreprise de production. Il s'agit de préparer la fin de la transition et passer progressivement le relais au secteur privé. Cette voie incontournable vers le développement durable sera d'autant plus facilitée que l'Algérie avance dans l'édification d'un état de droit. L'impasse actuelle en matière de développement économique se reflète à travers les blocages de l'administration, les forces d'inertie actuelles représentées par les effets de la corruption, de l'informel et du poids des lobbies de l'importation. On peut se demander a fortiori jusqu'où ira l'Algérie avec de tels fléaux. K. R. [email protected]