Omar Ramdane, président d'honneur du FCE (Forum des chefs d'entreprise), a donné, jeudi matin, une conférence-débat à l'Ecole nationale polytechnique (ENP) d'Alger. Cette rencontre, organisée par la direction de l'école, en collaboration avec l'Adep (Association des diplômés de l'école polytechnique), a été marquée, entre autres, par la présence d'un grand nombre d'étudiants. Il s'agissait de la première conférence-débat d'une série qu'organisera l'école à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'Indépendance. Le rendez-vous a été également émaillé par plusieurs “vérités” du conférencier, qui a gratifié les présents de plusieurs anecdotes “historiques” et aussi de sa “vision” économique. L'opportunité a été ainsi donnée à Omar Ramdane, 74 ans, de revenir sur l'histoire de l'Algérie, mais aussi sur les perspectives. Il a relaté les principales étapes du moudjahid lors de la Révolution. “elles sont pour moi quatre, la première, entre 1954 et 1956, et c'était pratiquement une période calme, après c'étaient les années fastes, entre l'été 56 et l'été 58, durant lesquelles on continuait de recevoir des armes de Tunisie. Entre 58 et 60, c'étaient les années les plus dures, alors qu'entre décembre 1960 et le 19 mars 1962, on s'est adapté à la situation, et d'ailleurs on pouvait tenir longtemps contrairement à ce que certains affirment.” “De Gaulle n'a pas octroyé l'indépendance à l'Algérie” L'un des points sur lequel Omar Ramdane s'est attardé était la période “la plus dure”, entre 1958 et 1960. “C'était la période durant laquelle de Gaulle est revenu au pouvoir et pendant ces années il y a eu le plus grand nombre de morts parmi les Algériens”, a-t-il affirmé. Il ajoutera que “de Gaulle n'a pas octroyé l'indépendance à l'Algérie comme le disent certains mais c'est à son époque qu'il y a eu la plus terrible répression”. “Ben Bella et le nombre de moudjahidine” Retraçant son parcours post-indépendance, Omar Ramdane a raconté à l'assistance une anecdote sur l'ex-président, Ahmed Ben Bella, décédé la veille. “J'étais à l'époque membre de l'Assemblée constituante, et une fois les débats tournaient autour des droits des moudjahidine, Ben Bella, exaspéré, avait répondu : ‘'Combien ils sont ces moudjahidine ! 2 000 !''. On a su après, grâce à Ben Tobbal, qui était parmi les négociateurs d'Evian, d'où il tenait ce chiffre, et c'était donc Louis Joxe (chef de la délégation française aux négociations d'Evian, ndlr) qui avait dit aux Algériens : ‘'Vous n'avez que 2 000 combattants à l'intérieur, tous fatigués et malades...'' ce qui est bien sûr faux.” L'ancien maquisard, précisa que dans la zone III à laquelle il appartenait, un rapport établi au début de 1962 mentionnait un nombre de 1 302 moudjahidine “et ce n'était que dans la trois, alors qu'il y avait d'autres zones et d'autres wilayas”. La fin de règne de Ben Bella a également marqué le parcours du président d'honneur du FCE. “Il n'y avait plus d'assemblées et on nous a coupé les salaires”, a raconté l'ex-député (membre du Conseil de la nation, depuis 2009, au titre du tiers présidentiel) pour relater le “redressement révolutionnaire” du 19 juin 1965. “Que fallait-il faire ? On n'avait pas d'argent”, a-t-il répété, avant d'ajouter qu'“en 1968, les anciens officiers de l'ALN pouvaient prétendre à un prêt, entre 20 et 40 millions de centimes, et c'est avec deux amis que nous avons créé une entreprise”. Une manière de dire, que la fin du régime de Ben Bella était le départ de l'aventure entrepreneuriale du “patron” qu'est devenu après l'ex-maquisard de la wilaya IV. “On a un manqué de cadres” Le débat se déroulant dans une enceinte universitaire prestigieuse, le sujet des étudiants ne pouvait pas être occulté. Omar Ramdane en profitera pour relater l'épisode de la grève des étudiants décrétée en 1956 en rappelant l'appel de l'Union générale des étudiants algériens, l'UGMA : “Rejoignez le maquis, vous ne ferez pas de meilleurs cadavres avec vos diplômes”. Il a d'ailleurs voulu préciser que c'était aussi une grève de lycéens “qui ont amplifié le mouvement”. Sur le nombre d'universitaires ayant rejoint le maquis, le conférencier dira qu'il ne dépassait pas le nombre de 120, “parmi eux, il y avait un diplômé de France, qu'on appelait Belarbi, et qui avait un DES en droit”. La perche a été tendue au président d'honneur du FCE pour aborder l'avenir du pays et le rôle des étudiants. Un sujet qui a soulevé de nombreuses réactions dans l'amphithéâtre dans lequel se déroulait la conférence-débat. Omar Ramdane a ainsi déploré une “réalité”, concernant l'encadrement des entreprises. “on a un gros problème de cadres.” Il insistera sur l'urgence de faire revenir la diaspora algérienne, “pas besoin physiquement”. La politique économique du gouvernement n'a pas échappé à Omar Ramdane. Il a défendu les 50 propositions que le FCE avait publiées en mars dernier. “Nous avons rencontré Ouyahia, qui en a retenu 25, et Soltani nous a dit qu'il en retenait 37.” À la fin de la conférence-débat, Mohamed Debièche, directeur de l'ENP, a tenu à remercier le conférencier et les intervenants avant de lancer un appel : “nous tenons à réitérer toute notre disponibilité pour accueillir, à l'école, des entrepreneurs.” De son côté, Belkacem Benikous, nouveau président de l'Adep, n'a pas raté l'occasion pour inciter les étudiants à rejoindre son association en vue de donner un nouvel élan aux futures activités qu'il espère “florissantes”. S K