Retour sur image sur la campagne électorale pour voir à quelle sauce vont être mangés les immigrés musulmans, d'autant que ce thème a donné lieu à beaucoup d'envolées nauséabondes. Seul Jean-Luc Mélenchon s'est démarqué des diatribes, accusant le président sortant-candidat de faire siennes les idées lepénistes. Nicolas Sarkozy a fait du racisme, de la xénophobie et de l'islamophobie, le thème central de sa campagne. Pourtant, ni l'islam, ni l'immigration, ni l'insécurité n'étaient au cœur des préoccupations des électeurs. Dans tous les sondages, machin d'en bas, sieur avec la particule et lambda classe moyenne, les questions sécuritaires, d'identité, de civilisation, de religion et d'immigration, ils les ont renvoyés au bas de l'échelle de leurs attentes. À vrai dire, tous ces sujets, qui font la honte de Français orgueilleux de leur siècle des Lumières et de leur révolution qui a établi les droits de l'homme, avaient été ranimés par Sarkozy, lui-même fils d'immigrés ! La France a vécu des semaines au rythme de l'escalade furieuse sur la prolifération de l'Islam, l'avancée du voile islamique, l'invasion des boucheries hallal, l'explosion de l'insécurité dans les milieux périurbains à forte présence musulmane …bref, tout le fond de commerce des Le Pen : le père, ancien tortionnaire de la guerre d'Algérie, Marine sa fille, qui a repris le flambeau avec l'antisémitisme en moins. Le couple Sarkozy-Marine, a cherché à instaurer le climat de Vichy contre les musulmans et l'immigration du sud de la Méditerranée. Le président-candidat a exploité l'acte sanglant d'un serial-killer de banlieue, le français Mohamed Merah, pour enfoncer le clou de son équation: immigration-Islam-délinquance-insécurité. D'ailleurs, l'histoire retiendra qu'il aura réussi le tour de force de construire un pont entre la droite traditionnelle et l'extrême droite, en banalisant le pot pourri du Front National depuis 2007, au point de se demander si cette haine de la culture islamique ne relevait pas que d'une simple stratégie électorale? Alors que proposent les candidats de dimanche en termes de politique d'immigration ? Expulsions tous azimuts. Nicolas Sarkozy promet de réduire dans son prochain quinquennat l'immigration en durcissant davantage les conditions du regroupement familial et des mariages mixtes. Il accélérera sa chasse aux étrangers “indésirables” inaugurée en 2007 avec des objectifs annuels chiffrés chaque année et affinera le durcissement des conditions d'accès aux prestations sociales des chibanis notamment, en allongeant la durée de présence sur le territoire pour bénéficier du RSA et du minimum vieillesse. Marine Le Pen entend chasser tous les sans- papiers au prétexte qu'ils mangent le pain des Français d'origine, ont accaparé l'assistance (elle va supprimer toutes “les pompes aspirantes”, comme les aides alimentaires et médicales. Les manifestations des Français au soutien à la cause des sans-papiers seront sévèrement jugées. La fille Le Pen ne sait-elle pas que ces lois ont été déjà toutes votées par Nicolas Sarkozy ? Elle supprimera les entrées de l'immigration et le regroupement familial ainsi que le droit du sol pour l'acquisition de la nationalité française. Fasciste qu'elle est, Marine instaurera un Etat policier pour reconduire même les immigrés légaux qui ne retrouveront pas d'emploi après un an d'inactivité. Elle pense pouvoir signer des accords permettant de faire incarcérer dans leur pays d'origine les étrangers condamnés en France. Pour elle la messe est dite, les quatre cent mille sans-papiers seront reconduits aux frontières et au nom de la préférence nationale, les immigrés seront exclus des logements sociaux, des allocations familiales et des autres prestations sociales. Le candidat socialiste n'est pas très prolixe sur ces sujets, quoique lui aussi souhaite diminuer le nombre d'entrées sauf des étudiants pour les métiers dont la France est en manque. Dans le fond, les socialistes sont eux aussi sectaires sur ces questions mais sans la violence de la droite. Des sénateurs de gauche n'ont rien trouvé de plus urgent, rien de plus symbolique, rien de plus identitaire que d'adopter, le 17 janvier 2012, une loi interdisant le foulard aux personnes chargées de l'accueil de la petite enfance, y compris les assistantes maternelles à domicile ! Les sans-papiers seront examinés au cas par cas, avec la priorité pour ceux dont la présence est ininterrompue depuis dix ans sur le territoire français. Jean-Luc Mélenchon, par contre, propose de régulariser tous les sans-papiers, de dépénaliser le séjour irrégulier, de fermer les centres de rétention administrative, de rétablir le droit au séjour pour raison médicale ainsi que la carte de séjour unique de dix ans. François Bayrou, ni à droite ni à gauche, propose un ministère de l'Egalité qui luttera contre les discriminations. D. B