Les victimes principales qui vont devoir assumer les conséquences néfastes du litige qui oppose les armateurs étrangers à l'administration, ce sont avant tout les entreprises algériennes et, à travers elles, les consommateurs algériens et l'économie nationale dans son ensemble. “Le Forum des chefs d'entreprise suit avec une grande attention l'information faisant état de la décision prise par des armateurs étrangers de refuser, à compter du 16 avril 2012, de prendre en charge toute opération d'importation ou d'exportation de marchandises en mode FOB (Free on board) au niveau des ports algériens”, indique l'organisation patronale, dans un communiqué publié hier. Cette décision, lourde de conséquences, semble avoir été dictée par les retards pris sur les transferts en devises de paiements reçus en dinars algériens au titre de prestations effectuées depuis l'année 2010. “C'est le cas de CMA CGM qui attend des autorisations pour le transfert de 100 millions de dollars. Maersk attend le visa des douanes pour transférer 80 millions de dollars et Arkas 60 millions de dollars. Le différend porte sur un montant total de plus de 500 millions de dollars, selon des sources proches du dossier”, a rapporté récemment le journal français La Tribune. “L'affaire a pris des proportions diplomatiques”, selon la même source, indiquant que “les ambassadeurs à Alger de France, d'Espagne, d'Allemagne, de Suisse, de Turquie et d'Italie ont adressé une lettre de protestation aux autorités algériennes pour leur faire part de leurs inquiétudes au sujet du blocage de l'argent des armateurs et leur demander de résoudre le problème”. Au-delà des raisons pouvant expliquer la position des différentes parties prenantes dans cette affaire, qu'il s'agisse des administrations nationales compétentes ou des compagnies étrangères impliquées dans le transport maritime avec notre pays, il convient de relever, estime le FCE, que les victimes principales qui vont devoir assumer les conséquences néfastes de ces litiges, sont avant tout les entreprises algériennes et, à travers elles, les consommateurs algériens et l'économie nationale dans son ensemble. “Pour nos entreprises, qui se retrouvent, malgré elles, privées de la possibilité de négocier directement le coût de leur frêt et qui seront désormais tenues de supporter des surcoûts financiers supplémentaires injustifiés, c'est leur compétitivité qui sera amoindrie encore une fois, sachant tous les désagréments qu'elles subissent déjà du fait d'un climat des affaires bureaucratique et lourdement contraignant”, constate avec regret le FCE. Il faut relever, à cet égard, que, loin de s'améliorer, l'environnement économique des entreprises se complique davantage de jour en jour : en effet, alors qu'elles attendaient des progrès sur les questions touchant à l'usage du crédit documentaire, à la couverture du risque de change, à l'installation de bureaux de change ou à la réduction des surcoûts prohibitifs du transport international de leurs marchandises, cette nouvelle mesure vient, au contraire, les dépouiller d'un autre instrument de gestion de leurs opérations de commerce extérieur. Pour les citoyens nationaux, il faut, bien sûr, souligner que ce sont eux qui, en tant que consommateurs finaux, auront à endurer en bout de course les conséquences d'une gestion malencontreuse de notre commerce extérieur. C'est vers eux que se répercuteront, inévitablement, les surcoûts financiers induits par cette nouvelle restriction. “Enfin, pour l'économie nationale, il est choquant de constater que notre pays semble accepter comme avec une résignation coupable de supporter une augmentation importante des coûts du transport international de ses importations et exportations, plutôt que d'avoir à se prononcer sur les tenants et les aboutissants d'un litige survenant dans les relations avec des compagnies étrangères”, s'étonne le FCE. “Il est encore plus surprenant de constater qu'aucune autorité nationale responsable ne se soit, à ce jour, prononcée publiquement sur une affaire aussi grave et aux conséquences aussi préjudiciables pour l'économie et pour l'image de notre pays”, regrette le FCE, appelant les pouvoirs publics compétents afin qu'ils “interviennent rapidement pour trouver la solution la plus convenable au problème ainsi posé et mettre un terme à cette situation dommageable”. M. R.