Son meeting aura été un long réquisitoire contre le système qu'il accuse d'avoir fait des Algériens un peuple d'assistés. Le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, a animé, dimanche, un meeting au Théâtre régional de Béjaïa. Devant une assistance clairsemée, le leader du FNA n'a pas été trop bavard, c'est le moins qu'on puisse dire. Son intervention a duré une vingtaine de minutes, tout au plus. L'orateur s'est contenté des généralités sur la situation sociale et économique du pays. Il a dressé un constat des plus amers. Il a attribué cet échec recommencé au pouvoir politique en place et qui doit, par conséquent, partir. “Pendant 50 ans, le pouvoir a fait de nous un peuple de consommateurs. Aujourd'hui, nous avons atteint le fond”, a-t-il fait remarquer. Abordant les élections du 10 mai prochain, M. Touati s'est attardé sur la régularité du scrutin et fait part de ses craintes de voir les voix de ces électeurs aller grossir ce quota. Afin de parer à toute fraude électorale par le pouvoir, le leader du FNA préconise de garder les bulletins de vote de ses électeurs. Ses représentants procéderont par la suite au recomptage des bulletins et détermineront ainsi le nombre de votants qui ont opté pour le FNA. Il exhorte les autres participants au scrutin de faire de même. Dans le même ordre d'idées, l'orateur a déploré le rejet par le ministre de l'Intérieur du bulletin de vote unique, proposé par la majorité des partis. Les nouveaux partis agréés n'ont pas laissé le n°1 du FNA indifférent. “Il y a la main du pouvoir derrière cette distribution d'agrément pour encourager une fraude massive”, a-t-il soutenu. Par ailleurs, le président du FNA a animé un meeting populaire à la grande salle de la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Moussa Touati a, lors de son allocution, plaidé pour “le pouvoir du peuple”. À une voix qui surgissait du public, “on va fuir ce pays”, le président du FNA s'est insurgé en répondant : “Non, nous n'allons pas fuir. Au contraire, nous allons les faire fuir eux”, faisant allusion aux gouvernants. La première tête du FNA a estimé que l'heure est au changement, ce qui se réalisera dans les règles et dans le respect des lois de la République. “Au FNA, nous sommes pour un pays d'équité et de justice, ce qui était le vœu de ceux qui ont arraché ce pays des mains des colons. Nous sommes pour l'instauration d'un pays qui appartiendra au peuple”, lancera Moussa Touati à l'assistance. Et de renchérir : “Certains vivent avec les rentes de puits de pétrole, au moment où d'autres, tout en bas de l'échelle, sont livrés à la misère sociale. Il y a ceux qui éduquent leurs enfants dans de prestigieuses écoles à l'étranger et se soignent ailleurs, alors que le citoyen est livré à lui-même. Est-ce que ces personnes, qui oublient que le peuple et le pauvre existent, continueront encore à nous gouverner ?” dira Moussa Touati. Ce dernier appellera à “construire notre pays avant de construire celui des autres”. “D'un côté, il y a ceux qui fraudent, et de l'autre, ceux qui boycottent les élections. Nous, dans notre parti, nous disons oui au vote, seule façon de faire barrage. Nous sommes dans un pays où même les morts votent, c'est pourquoi il est important d'aller massivement voter lors des prochaines échéances et créer le changement de manière pacifique”, ajoutera le président du FNA qui rappellera, par ailleurs, que son parti “était le seul et l'unique en Algérie à procéder aux élections primaires au sein de son parti pour ensuite élaborer en toute transparence la liste des candidats”. L. OUBIRA/K. Tighilt