Liberté : Comment analysez-vous le dernier appel au dialogue lancé par Ouyahia ? Djamel Ouidir : Le dernier appel lancé par Ouyahia n'a qu'une seule motivation : gagner du temps. C'est une simple “mesurette” afin d'apaiser la région toujours endeuillée et de désamorcer l'ultimatum lancé lors de l'Interwilayas qui s'est tenue le 22 et 23 novembre. Mohammed Saïdoun : Le communiqué ne nous surprend nullement, car il vient de confirmer ce que nous avons avancé lors des différents conclaves de Mechtras, à savoir que des tractations ont été menées en dehors des structures du mouvement par quelques individus permettant d'aboutir à la confection du document dit de mise en œuvre ainsi qu'à la rencontre de l'Intht ayant permis de le valider dans la forme. Quant à l'histoire de l'ultimatum, il n'a été, en vérité, qu'un camouflet destiné à induire en erreur l'opinion publique. Il y a lieu de préciser que ce communiqué s'adresse uniquement aux individus réunis à l'Intht et ne concerne donc pas toute la Kabylie. Dans le fond, le Chef du gouvernement n'a pas répondu à l'exigence de prise en charge des préalables avant tout dialogue. Qu'en pensez-vous ? D. O. : Le gouvernement n'a pas pris en charge les incidences qui ont été générées par les douloureux évènements du Printemps noir, et donc la responsabilité lui incombe entièrement. M. S. : Effectivement, l'exigence du mouvement par rapport à toute éventualité de prise de contact sérieuse avec le pouvoir est tributaire de gestes et d'actes concrets dont il est tenu de faire, entre autres, la satisfaction des sept préalables fixés par l'Interwilayas de Raffour sans omettre aussi de revoir la décision de radiation injuste dont sont victimes des milliers d'enseignants et l'interpellation toujours en cours de certains journalistes. Que répondront donc les archs au pouvoir ? D. O. : Les archs devront répondre en principe par un dernier ultimatum aux représentants de l'Etat concernant les incidences que nous attendons toujours de voir satisfaites avant toute prise de contact avec le pouvoir maffieux et assassin en vue de mettre en œuvre la plate-forme de revendications d'El-Kseur, explicitée à Larbaâ Nath Irathen, qui demeure scellée et non négociable, sans quoi, c'est le retour à la rue, et la responsabilité du pouvoir sera une fois de plus entièrement engagée. Nous en avons assez de jouer à l'intrigue avec lui. M. S. : Le mouvement citoyen tient toujours à sa position de principe, à savoir une réponse publique loin de toute manipulation de groupes d'individus ou d'un quelconque exercice de chantage sur des délégués, car le problème soulevé par les évènements de Kabylie dépassent de loin le cadre d'un groupe restreint d'individus. Si l'on cherche à le noyer dans de fausses solutions loin de tout consensus et de toute transparence exigés, le problème restera tel qu'il est pour les générations futures. La responsabilité d'Ouyahia en personne est sérieusement engagée, car il nous rappelle celle du boycott scolaire, où il a fait preuve d'un manque flagrant de sincérité. S. L.