Le Chef du gouvernement affirme vouloir prendre en charge les incidences soulevées par les délégués. 48 bonnes heures avant l'expiration de l'ultimatum adressé par le mouvement des archs lors de sa dernière interwilayas, le Chef du gouvernement a rendu public, hier, un communiqué dans lequel il appelle au dialogue les délégués. Dans son appel, Ouyahia ne laisse pas de mettre en avant la disponibilité de son gouvernement à «la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur (sans omettre) la prise en charge des incidences de la crise». Ici, se pose un questionnement auquel les délégués auront à répondre dès aujourd'hui. Sont-ils prêts à accepter que la prise en charge de ces fameuses incidences ne se fasse qu'à l'ouverture du dialogue alors qu'ils ont été considérés comme des préalables sans lesquels aucun contact avec les représentants du pouvoir n'était possible? En d'autres termes, est-ce que cet appel ne va pas rester lui aussi sans échos? Ou pire, ouvrir la voie à d'autres frictions et dissensions au sein du mouvement citoyen déjà traversé par une crise sans précédent? Dans sa déclaration, en effet, le Chef du gouvernement, rappelant ses précédentes déclarations, du reste rejetées par la quasi-majorité des délégués, soutient que «les incidences de la crise seront prises en charge dans le cadre du dialogue». Toujours est-il qu'en attendant les réponses à ces questions, du moment que les quelques délégués joints hier ont demandé un temps de réflexion ainsi que le retour vers leurs bases respectives avant de se prononcer, le Chef du gouvernement se montre on ne peut plus optimiste dans son appel. Il y a, en effet, exprimé sa «satisfaction après que la coordination interwilayas des archs eut finalisé le document en cours de préparation en vue du dialogue pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur». Plus sûr de lui que jamais, donnant l'air d'avoir reçu des «garanties» d'on ne sait où, Ouyahia va jusqu'à inviter les animateurs du mouvement à lui «communiquer la composition de la délégation des représentants pour convenir ensemble de la date d'ouverture de ce dialogue». Il semble, estiment des sources crédibles, que des émissaires aient déjà pris les contacts nécessaires pour que cet appel, troisième du genre, ne demeure pas sans écho. Lors même que le président serait attendu dans le règlement de la crise aiguë des lycées, son Chef de gouvernement est appelé à résoudre celle de Kabylie, qui perdure depuis près de trois années et qui risque de remettre en cause le déroulement même de la future élection présidentielle. La Kabylie, qui a boycotté les deux élections de l'année passée, n'hésiterait pas une seconde à en faire autant lors du scrutin présidentiel, comme le rappelaient les délégués de Tizi Ouzou, de Béjaïa et de Bouira invités de notre rédaction dans le cadre de notre rubrique «A coeur ouvert avec L'Expression». Or, il ne fait de doute pour personne qu'aussi bien le président que les autres candidats ont intérêt à ce que la Kabylie revienne à de meilleurs sentiments afin que ce scrutin capital puisse se dérouler dans des conditions pour le moins acceptables. Cela, même si dans les incidences figurent le «limogeage» des indus élus aussi bien locaux que nationaux, ce qui risque de causer de graves frictions aussi bien avec le FFS qu'avec le FLN, principaux bénéficiaires de cette crise. Cet appel tombe au moment où les activités du mouvement s'acheminent vers une radicalisation de plus en plus prononcée. C'est ce que rapportent nos correspondants qui indiquent que le mouvement de Tizi Ouzou explore le retour vers les manifestations de rues avec les inévitables échauffourées qui vont avec. Cela, au moment où Béjaïa se débat toujours avec les dissensions qui minent le mouvement et qui ont fait, hier, que deux conclaves ont eu lieu sous le même sigle, celui de la Cicb, en des lieux différents, et en présence de délégués également différents. Les choses ne sont guère meilleures à Bouira où des affiches contradictoires ont été placardées au nom du mouvement citoyen, portant des signatures différentes et lançant des appels se télescopant l'un l'autre.