L'Algérie est un pays primo-émergent évoluant vers la semi-émergence a déclaré le professeur Abdellatif Benachenhou, ancien ministre des Finances, devant un aréopage composé de responsables de l'exécutif de wilaya, d'enseignants et d'étudiants de l'université Yahia-Farès de Médéa. L'expert s'est longuement étalé sur les facteurs qui caractérisent les pays dits émergents, expliquant que ces pays ont des économies à taux de croissance compris entre 5 et 10%, des économies diversifiées, des niveaux scientifiques et technologiques élevés, des exportations polyvalentes et des entreprises ayant une envergure internationale. À ces caractéristiques, il ajoutera que leur développement s'est traduit par une évolution de leur niveau social par un net recul de la pauvreté ressenti sur une période relativement longue. C'est ainsi, par exemple, que de 1980 à 2010, il a été recensé en Chine quelque 480 millions de personnes qui ont quitté la pauvreté. Dans les pays émergents, dont le nombre est de onze, on a assisté à l'apparition de nouvelles classes moyennes, c'est-à-dire celles qui ont un des revenus discrétionnaires qu'ils peuvent utiliser pour la satisfaction d'autres besoins que les besoins primaires. En somme, les pays émergents ont enregistré des changements sur le plan politique, économique et social et sont devenus des puissances avec lesquelles il faut compter, et dont les avis sur les problèmes du monde sont pris en compte. Pour l'expert international, le rapport entre le politique et l'économique est manifeste, car l'on ne peut pas être puissant politiquement sans être puissant économiquement. Maintenant, rien ne peut se faire sans la Chine en matière de relations internationales. Comment devient-on pays émergent ? Il n'y a pas de hasard, répondra l'orateur. D'abord, la stabilité de la politique économique et financière est une donnée essentielle. La question de l'ouverture économique maîtrisée est une condition importante, car s'il faut accepter le commerce extérieur, il faut aussi savoir défendre ses intérêts. L'on a noté que dans les pays émergents, les taux d'investissement sont situés entre 30 et 40% du PIB, ce qui suppose donc que les taux d'épargne sont élevés, avec des structures d'investissement diversifiées. L'accompagnement de l'investissement repose sur l'élévation du niveau des ressources humaines qui a été obtenu grâce aux appareils de formation et grâce à la valorisation du travail. Pour M. Benachenhou, si l'on ouvre son économie, on ne doit pas dormir pour ne pas subir les turbulences de l'économie mondiale, qui peut connaître des périodes de croissance, de stagnation, de recul, etc. Pour cela, dira-t-il, il faut tout mettre en œuvre pour garder le contrôle des commandes de l'économie comme on l'a observé en Chine, en 2008, avec la mise en place d'une capacité de réactivité. Quand on est une économie ouverte, il faut aussi assurer les conditions de sa compétitivité basée sur l'interaction entre le niveau des salaires et la productivité du travail. À propos de l'Algérie, l'orateur indiquera que c'est un pays primo-émergent qui est ouvert au marché mondial à travers ses ressources naturelles, pouvant arriver à la semi-émergence par l'industrialisation et aboutir à l'émergence. Notre pays n'a pas réussi le passage à la semi-émergence tentée du temps des nationalisations sous Boumédiène parce qu'il y a eu changement de cap après sa mort. La crise pétrolière aidant, l'Algérie n'a pas repris le chemin de l'émergence depuis le début des années 80, puis vint la tragédie qui a eu des conséquences sur l'économie et les revenus du pays. La baisse des revenus pétroliers a rendu impossible le maintien des investissements. Ce n'est que vers le début des années 2000 que les revenus ont commencé à augmenter pour faire face aux problèmes urgents et réparer ce qui a été endommagé. M. E B