Le gouvernement a montré, ces derniers mois, quelques signes d'agacement au sujet des tergiversations du constructeur français. Renault pourrait signer début mai un accord pour construire une usine en Algérie, indique une source industrielle citée, vendredi, par l'agence Reuters : “Un projet s'inscrivant dans le cadre de l'internationalisation de la présence industrielle et des ventes du groupe au losange.” “En Algérie, la signature d'un accord pourrait intervenir début mai”, a indiqué cette source “sous le couvert de l'anonymat, en raison du caractère sensible des négociations” qui durent depuis des mois entre le constructeur français et le gouvernement algérien. Cependant, l'agence britannique indique qu'“une porte-parole de Renault a refusé de faire un commentaire, indiquant simplement que les discussions sur ce projet étaient toujours en cours”. Ce nouveau rebondissement intervient deux jours après la sortie médiatique du ministre de l'Industrie, indiquant que les négociations avec Renault “ont pris plus de temps que prévu” parce que le constructeur français a refusé d'implanter son usine à Bellara (Jijel), estimant que le site “est loin du bassin de l'emploi et qu'il n'offrait pas les opportunités nécessaires”. M. Benmeradi a expliqué que la décision du gouvernement algérien d'implanter cette usine dans la wilaya de Jijel a été dictée par le besoin de créer un équilibre entre les régions en matière d'investissement. Pour le ministre, il n'est pas question de revoir, du moins pour le moment, le lieu d'implantation. “Nous n'avons pas encore proposé un autre lieu pour la construction de l'usine, nous tenons à ce que le projet soit réalisé à Bellara”, a-t-il indiqué. Il faut dire que le gouvernement a montré, ces derniers mois, quelques signes d'agacement au sujet des tergiversations du constructeur français. Pour rappel, le secrétaire général du RND, invité par le Forum des chefs d'entreprise, avait averti le constructeur français. “Si l'opérateur (Renault, ndlr) continue à faire encore un peu de coquetterie, d'autres opérateurs, pas dans le véhicule léger, sont en train d'avancer”, avait répondu Ouyahia à une question d'un opérateur. Le journal économique français La Tribune estime que le gouvernement l'accuse de faire traîner les négociations. Il faut souligner que face à l'optimisme affiché par les officiels algériens, les responsables de Renault ont toujours cultivé le doute. Pour rappel, alors que le ministre de l'Industrie avait affirmé que l'on était au niveau de l'élaboration des “documents contractuels”, le P-DG du constructeur automobile français, Carlos Ghosn, à partir du Maroc, à l'occasion de l'inauguration de l'usine Renault de Tanger, avait déclaré : “Je ne fais pas dans le secret, nous sommes en discussions avec les autorités algériennes sur un projet d'usine en Algérie. Les discussions sont en cours mais pour l'instant, c'est un projet, il n'y a pas de décision, pas d'aboutissement.” Carlos Ghosn avait ajouté que “si le gouvernement algérien souhaite une usine en Algérie, nous préférerons que ce soit une usine Renault”. Renault ne veut pas perdre le marché algérien, un des marchés le plus profitable pour la marque au losange. Dans son dernier bilan au 1er trimestre 2012, le constructeur français annonce une hausse de 39,5% de ses ventes en Algérie, contre seulement (+13,5) au Maroc. En Europe, où le marché baisse de 8,1%, les ventes du groupe Renault diminuent de 20%. La sortie du ministre de l'Industrie avait-elle pour objectif de forcer la main au constructeur français trop hésitant ? En tout cas un certain désordre règne sur ce projet. M. R.