Un peu plus d'un mois du renversement du président Toumani-Touré, le Mali a vécu lundi une tentative de reprise du pouvoir par des éléments de la garde républicaine, qui n'ont pu vaincre les putschistes du capitaine Sanogo dans de violents combats faisant plusieurs morts. Le calme est loin d'être revenu au Mali, qui a vécu lundi des scènes de violences entre des membres de la garde républicaine, toujours loyaux au président déchu Amadou Toumani-Touré, et les putschistes, qui demeurent toujours omniprésents après s'être retirés du pouvoir. Ces derniers ont affirmé hier avoir repoussé à Bamako une offensive des forces loyales au président Amadou Toumani Touré (ATT), renversé le 22 mars, lors de violents combats qui ont fait plusieurs morts. Ainsi, un mois et demi après le putsch contre ATT, cette offensive est considérée comme une tentative de “contre-coup d'état” dans un pays qui est en train de sombrer dans le chaos, alors que sa partie nord est entièrement occupée par des groupes armés, islamistes, Touareg et criminels. Un militaire s'exprimant au nom du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de la junte qui avait renversé ATT, est apparu au petit matin à la télévision nationale ORTM pour dénoncer “des forces obscures” qui ont “attaqué” l'ORTM, le camp des ex-putschistes à Kati près de Bamako et l'aéroport. “Des éléments de l'étranger, soutenus par des forces obscures à l'intérieur du pays, ont mené ces attaques. Certains ont été arrêtés”, a affirmé ce militaire, non identifié, qui a ajouté que ces “attaques” visaient à “déstabiliser le processus de retour à l'ordre constitutionnel normal”. Cette intervention a eu lieu après plusieurs heures de combats à Bamako et Kati entre les ex-putschistes et les membres de la garde présidentielle. Les échanges de tirs ont éclaté lundi en fin d'après-midi lorsque les “bérets rouges” se sont opposés à l'arrestation par des éléments de l'ex-junte d'un de leurs chefs, le colonel Abidine Guindo, ancien chef d'état-major particulier du président ATT. Des tirs nourris ont ensuite été échangés près du siège de l'ORTM, occupé par les partisans du capitaine Sanogo depuis le coup d'état du 22 mars. Les combats se sont ensuite déplacés vers le camp militaire de la ville-garnison de Kati, quartier général de l'ex-junte au pouvoir situé à 15 km de la capitale. La route entre Bamako et Kati a été fermée à la circulation par des éléments des forces loyalistes. Hier matin, des tirs nourris étaient entendus près du camp des forces loyalistes dans le centre de Bamako, où les ex-putschistes avaient affirmé dans la nuit avoir “maîtrisé” la situation. Pour rappel, deux semaines après avoir renversé ATT, la junte avait signé le 6 avril avec la Communauté économique des états d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) un accord par lequel elle acceptait de rendre le pouvoir aux civils par la mise en place d'organes de transition, dirigés par un président intérimaire, Dioncounda Traoré, un Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, et un gouvernement “d'union nationale”. Après un sommet des chefs d'état de la Cédéao qui, le 26 avril à Abidjan, avait fixé à douze mois la durée de la transition jusqu'à des élections et décidé de l'envoi d'une force ouest-africaine à Bamako pour “sécuriser” les organes de la transition, le capitaine Sanogo avait rejeté ces décisions. “Toutes les décisions prises à Abidjan ont été prises sans concertation avec nous”, avait-il déclaré, ajoutant : “Aucun soldat étranger ne foulera le sol du Mali sans une demande du gouvernement malien.” M T/Agences