Le Café littéraire de la fondation Casbah d'Alger organise, ce samedi 5 mai 2012, à partir de 15h30, en son siège de Bab J'did, une conférence sur le mouvement réformiste musulman en Algérie, et un hommage appuyé à Cheikh Omar SmaIl, principal fondateur de l'Association des Oulémas. En présence des membres de la famille de celui qui fut, avec ses compagnons mystiques, à l'origine de l'idée même de création, le 5 mai 1931 à Alger, de ce socle du réformisme musulman, la conférence tentera de battre en brèche toutes les idées reçues et de dévoiler la genèse et les raisons objectives à l'origine des idées fondatrices de l'Association des Oulémas, l'événement lui-même étant placé sous le signe du rétablissement dans ses droits historiques de cheikh Omar Smaïl et de la célébration du 81e anniversaire de l'association chère à cheikh Abdelhamid Ben Badis. L'accent sera mis aussi sur le fait avéré que de nombreux historiens restituent des pans importants de la mémoire collective bien loin de la vérité historique. Comme le disait Mohamed Harbi, la production historique, idéologique et sociologique relative au mouvement national est, à bien des égards, une anthologie de la falsification et de la dissimulation. Des pans entiers de notre histoire ont été effacés ou voués, c'est selon, au silence alors que militants et mouvements politiques ne sont pas appréciés en fonction de la place qu'ils ont occupée mais en fonction de ce qu'ils sont devenus : “Le remodelage du passé à l'image du présent devient alors chose courante.” Serait-ce ces raisons qui ont poussé certains historiens à ignorer dangereusement jusqu'à l'existence de Ahl sounna oual djamaa (les gens de la sounna et de la communauté) alors que ses principaux fondateurs ont été à l'origine même de la création de l'Association des Oulémas? C'est vrai qu'il est de bon ton de mettre curieusement à jour les contradictions au sein du FLN que de porter à la connaissance d'un peuple les précieux éléments d'analyse à la compréhension des deux courants religieux qui ont opposé, au cours de la première moitié du XXe siècle en Algérie, les partisans de la réforme d'un côté et ceux de la contreréforme de l'autre. Le tout, comme se plaît à le souligner mon ami Benali El Hassar (in-Les jeunes Algériens- éd. Dalimen), sur la base de conceptions religieuses différentes. Les uns appelant au retour aux sources de l'Islam purifié des preux ancêtres, les autres reprochant à leur réformisme un Islam qui regarde du côté de l'Orient, s'écartant ainsi “des voies d'un Islam authentique tel que pratiqué depuis des siècles au Maghreb ou en Occident musulman.” Contrairement aux idées reçues, la création de l'Association des Oulémas, le 5 mai 1931 à Alger, ne tire pas ses origines d'une patiente confrontation des idées entre divers lettrés arabisants dans le cadre de la revue Al Chihab encore moins d'une idée de cheikh Abdelhamid Ben Badis. Le mérite revient grandement à un comité fondateur d'inspiration soufie, présidé par Cheikh Omar Smaïl, un notable algérois d'origine kabyle, qui en a été le principal pourvoyeur de fonds. En d'autres termes, comme je l'ai déjà souligné dans l'une de mes chroniques, c'est à lui et aux adeptes du soufisme que revient le mérite d'avoir jeté les bases d'une association où devaient régner la tolérance et l'esprit de cohésion de toutes les forces concernées par ce véritable projet de société. Cheikh Abdelhamid Ben Badis l'avait reconnu lui-même dans les écrits de son propre journal, comme à l'occasion de son discours d'investiture. Cela bien avant que l'aile wahhabite de l'association ne prenne l'initiative de débarquer celle mystique et ne lance “le fallacieux prétexte de combattre les innovations par le retour à la pureté de l'Islam originel et son adaptation à la civilisation moderne et de poursuivre une véritable œuvre de démolition de ses valeurs spirituelles primordiales.” (À suivre) A. M. [email protected]