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PORTRAIT…
Haga
Publié dans Liberté le 06 - 05 - 2012

Haga. J'avoue mon impuissance : je ne trouve pas les mots pour parler d'elle. Et comment parler d'elle ? Les mots me fuient, jouent à cache-cache avec moi, me font des pieds de nez, me narguent pour enfin s'offrir en lot d'adjectifs, d'adverbes et de superlatifs. Ces mots-là, Haga n'en aurait jamais voulu. Hypertendue, elle ne supportait pas le cholestérol quelle que soit sa forme. Et ces mots-là sont de la graisse dont on fait les phrases ronflantes qu'adorent les fumigateurs. Haga aimait la simplicité. Mais où trouverai-je les mots simples pour décrire une femme qui n'était pas une simple femme ? Où ? je vous le demande. Haga avait l'orgueil de son rang, celui d'une fille de bonne famille du Sud. Elle n'était pas hautaine, oh que non. Mais sa fierté était si grande qu'elle lui interdisait d'insister avec quiconque même avec ceux qui lui devaient de l'argent. L'argent ? Pftt… écume des choses. Prier, supplier..., elle laissait ça à d'autres qu'elle ne condamnait ni ne jugeait. On se vautre dans le stupre, le pêché et la boisson ? On n'entendra pas une critique de Haga ; “À chacun sa tombe”, avait-elle coutume de dire. Et c'est tout dit. Elle n'aimait pas donner des leçons de morale à la femme vertueuse que les brebis égarées choquent. Elle s'occupait du salut de son âme. Et le salut de son âme, elle le savait, passait par une hygiène de vie qui prohibait les ragots et les médisances, ces deux plaies d'une bonne partie de la société algérienne. Haga avait la bonté d'une sainte. Pas un pauvre qui frappait à sa maison ne repartait le ventre vide et les mains tout autant. Et même si ses enfants débusquaient parfois de faux mendiants et de faux pauvres et la mettaient en garde, elle ne les entendait pas. Elle disait juste : “Je ne vais pas ajouter à leur humiliation de tendre la main, l'humiliation de leur fermer la porte au nez.” D'ailleurs, elle donnait tellement qu'après sa mort on ne retrouva aucun de ses habits : pas une robe, pas une chaussure... Rien. C'était bien elle qui disait : “Tout ce qui n'est pas donné est perdu.”
Alors elle donnait, donnait, donnait pour ne rien perdre. Et quand elle ne fut plus, combien de dizaines de pauvres sont venus la pleurer, orphelins eux aussi d'elle ! Elle qui était une poétesse orale, descendante d'une grande lignée de poétesses. D'une grande pudeur, elle ne récitait ses poèmes qu'à quelques proches triés sur le volet, capables de goûter sa poésie. Personne ne s'étonnait qu'une femme illettrée puisse trouver des rimes d'une finesse et d'une subtilité telles que même les plus instruits n'auraient pu imaginer. Personne, car avec elle on savait que la connaissance valait mieux que l'instruction. Son amour de la poésie n'a pas amolli Haga. Il ne lui a pas donné le spleen, ce mal de vivre bien commode qui fait partie de la posture des poètes. Elle ne pouvait pas avoir ce luxe, elle la fourmi besogneuse qui n'arrêtait le ménage qu'à minuit pour le reprendre à 5 heures du matin. Ses belles-filles pensaient qu'elle était une maniaque de la propreté. Mais voyons, si Haga s'activait autant c'est pour pallier l'insuffisance des autres. Pas le genre à demander. Le genre à faire, à montrer l'exemple, quitte à le payer au prix de sa santé chancelante. Haga était le premier philosophe que j'ai connu. Inquiète comme tous les hypertendus, mais sachant être patiente quand elle n'avait pas le choix, elle disait : “Un homme patient en vaut deux.” Et si quelqu'un n'était pas heureux de vivre, elle lui disait : “Remercie Dieu de t'avoir donné le bien le plus précieux : la santé, car tout le reste s'acquiert sauf la santé !” Haga avait de l'humour pour dix. On lui présenta une femme qui s'appelait Melha (salée), elle lui dit avec le sourire : “Nous deux on ne peut pas sortir ensemble… tu m'es proscrite ma chère !” Victime d'une fracture du fémur, alitée, à la charge de ses petites-filles, Haga avait prié Dieu d'abréger ses souffrances. Dieu, qui entend ceux qui ne se sont jamais abaissés dans des prières à leurs semblables, l'a emportée au bout de 16 jours. Dieu aime ceux qui gardent la tête haute en laissant le cœur à portée de ceux d'en bas. Haga est morte avec le sourire. Mourir avec le sourire n'est pas mourir…
H. G.
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