Dans ce livre de 335 pages, l'auteur est égal à lui-même : à la fois critique vis-à-vis du régime en place et ouvert par rapport à son “objet de recherche”. Algérie, chroniques d'une expérience postcoloniale de modernisation(1), édité récemment par Barzakh (2), est le dernier ouvrage du chercheur en sociologie Lahouari Addi. Il s'agit d'un recueil de textes, pour la plupart écrits à chaud, dans des conjonctures particulières, entre 1999 et 2011, et publiés dans la presse nationale. Dans ce livre de 335 pages, l'auteur est égal à lui-même : à la fois critique vis-à-vis du régime en place et ouvert par rapport à son “objet de recherche”. “C'est avec ma sensibilité et la culture théorique que j'ai acquise à l'université que j'aborde l'expérience algérienne, pour en faire un objet de recherche et d'analyse”, prévient-il dans l'introduction. Adoptant le “journalisme universitaire” pour toucher un large public, le sociologue y interroge la société algérienne, se penche sur le rôle de l'armée dans la construction de l'Etat indépendant, la “culture Boussouf”, non sans insister sur l'écriture de l'histoire. Toujours à l'écoute de l'actualité nationale, Lahouari Addi s'implique dans les débats et livre ses analyses sur l'élite, les harraga, l'amazighité, la Plate-forme d'El-Kseur, le livre de Saïd Saâdi relatif au colonel Amirouche, la question de la souveraineté, l'identité, l'islamisme, le cinéma, la politique salariale, le phénomène de la corruption, etc. En s'adossant, chaque fois que c'est nécessaire, sur les références à Durkheim, Geertz, Weber et aux autres savants et penseurs. Dans cet ouvrage, l'auteur intervient également en tant que citoyen et souhaite même contribuer à “raffermir la culture générale, indispensable à l'esprit civique et à la formation d'un espace public où le citoyen prend conscience qu'il est un sujet de droit”. D'ailleurs, à ce sujet, il déplore que l'Algérie “n'arrive pas à faire renaître l'humanisme de sa culture et à réinventer la tradition, en conciliant l'éthos et les aspirations nouvelles”. En guise de conclusion, l'auteur nous soumet une nouvelle contribution de 14 pages, dans laquelle il traite de “la crise des régimes autoritaires arabes”. L'idée essentielle de ce texte porte sur la recherche, par le monde arabe, du dépassement des “contradictions de la privatisation de l'Etat”. Pour l'auteur, le nationalisme au XXe siècle “a créé des nations formellement indépendantes”, alors que le nouveau nationalisme (du XXIe siècle) “veut construire des Etats de droit”. Lahouari Addi, pour rappel, a à son actif plusieurs ouvrages, dont De l'Algérie précoloniale à l'Algérie coloniale (ENAL, 1985), L'Algérie et la démocratie (La Découverte, 1994) et Les mutations de la société algérienne (La Découverte, 1999). Il a également dirigé des travaux, tels que L'anthropologie du Maghreb : Berque, Bourdieu, Geertz et Geller (Awal- Ibipress, 2003) et Clifford Geertz : Interprétation et culture(Ed. des archives contemporaines, 2010). De plus, il est connu du public algérien pour ses analyses dans certains quotidiens nationaux. H A (1) Addi Lahouari, Algérie, chroniques d'une expérience postcoloniale de modernisation, éditions Barzakh, 700 DA. (2) Coordonnées : www.editionsbarzakh.dz