Deux Franco-Algériens dans le cercle des proches de François Hollande durant sa campagne électorale. Politiquement, un pied de nez à son malheureux rival, Nicolas Sarkozy qui lui a terminé son quinquennat dans les eaux nauséabondes du lepénisme. D'abord, un socialiste conventionnel. Faouzi Lamdaoui, chef de cabinet de François Hollande dans le dispositif de campagne de l'élection présidentielle. Né le 14 novembre 1962 à Constantine, Lamdaoui a rejoint la France à 10 ans où ses études devait le pousser jusqu'à être ingénieur logisticien. Ce n'est pas tout, le Constantinois a activement milité dans le milieu associatif notamment au sein du Club de réflexion “Construire ensemble”, dont il est devenu président, dans l'association culturelle “Coup de soleil”, dont il est membre fondateur ou encore comme membre de l'association “L'Egalité d'abord”. Il ne lui restait plus qu'a intégrer la classe politique française. Ce qu'il a tôt fait en rejoignant les rangs du Parti socialiste. Durant l'été 2011, il démissionna de ses mandats locaux à Argenteuil, après trois années de polémiques très dures avec le maire PS. “Nous n'avons été que des figurants effacés”, devait-il expliciter en soulignant que “ce ne sont pourtant pas les compétences qui manquent chez les Français maghrébins”. Faouzi Lamdaoui refuse d'être confiné à des rôles subalternes : “Nous ne sommes pas dans une kermesse où les petits reçoivent des lots de consolation. Triste souvenir que celui du 1er et du 2e collège de l'Algérie coloniale”, devait-il conclure avec colère. Sa traversée du désert ne fut pas longue. Aux primaires socialistes, le quinquagénaire aux petites lunettes est dans l'ombre de François Hollande. Durant la campagne présidentielle, c'est lui qui gère le temps du challenger de Nicolas Sarkozy : un problème d'agenda ? “Appelez Faouzi…”. Il a été bombardé chef de cabinet dans l'organigramme de campagne. Ancien patron d'une société de logistique et donc habitué de l'organisation, Lamdaoui accompagna son mentor partout du matin au soir, la semaine comme le week-end. “C'est l'homme qui facilite la vie de François…il est très précieux”, a confié Michel Sapin, le gourou de Hollande. “Son couteau suisse”, résumait Malek Boutih, un autre Franco-Maghrébin dans la direction du PS. Ce poste-clé au plus près du candidat socialiste a été une juste récompense pour cet originaire de Constantine qui n'a croisé la route de Hollande qu'en 2003 et que celui-ci avait propulsé dans l'appareil du PS en le nommant secrétaire national à l'Egalité en 2005. Faouzi Lamdaoui fera certainement partie de l'équipe de l'Elysée. L'autre Franco-Algérien a lui gravi les échelons de l'administration française. Nacer Meddah est un préfet franco-algérien, né en 1959 à Saint-Laurent-Blangy, dans le Pas-de-Calais. Ses parents algériens, d'origine de Kabylie, avaient quitté le pays natal dans les années 1950 pour le nord de la France, où le père est devenu ouvrier. Pupille de la nation après le décès de celui-ci, Meddah a été élevé par sa mère, femme de ménage dans ce qui était un bidonville. Amoureux des livres, il réussit une licence d'histoire et entame une carrière dans la Fonction publique. Ses deux sœurs sont proviseure de lycée et ingénieure en informatique. Ce genre de réussite, Marine Le Pen puis son élève Nicolas Sarkozy, les ont refoulés au fin fond de leur psyché. Meddah a exercé d'importantes charges dans différents ministères et grands établissements de souveraineté : ministères (Economie, Finances, Affaires européennes), Direction du Trésor, représentation permanente de la France auprès de l'Union européenne à Bruxelles, Cour des comptes... En 2006, il devient préfet de l'Aube puis assistant du coordinateur national (au sein de l'Elysée) au renseignement Bernard Bajolet, précédemment ambassadeur de France en Algérie. En 2008, il est nommé préfet de la Seine-Saint-Denis puis dans le Doubs. Entre temps, Nicolas Sarkozy révisait sa politique de la diversité pour embrasser le racisme et l'islamologie du Front national. Nacer Meddah finira par être remercié, comme ses collègues d'origine algérienne, Aïssa Dermouche (préfet du Jura puis conseiller à la diversité à l'Elysée, deux ministres Fadéla Amara (franco-algérienne) et Rachida Dati (de mère algérienne), ou Fatiha Benatsou (préfète déléguée à l'égalité des chances au Val-d'Oise). Aïssa Dermouche lui n'a pas laissé à Sarkozy la satisfaction de le congédier, il a claqué la porte de l'Elysée dès qu'il a senti que son occupant enfourchait le cheval de Marine Le Pen. Après sept mois de fonction dans la région du Doubs, Nacer Meddah est à son tour limogé, sans aucune explication, par décret présidentiel, en juillet 2011. Nicolas Sarkozy se débarrassait de ses collaborateurs d'origine sud-méditerranéenne pour se fondre totalement dans le Front national. Le 16 novembre de la même année, Nacer Meddah réapparaît sur la scène politique, dans le camp des socialistes. Il est nommé secrétaire général de la campagne de François Hollande pour l'élection présidentielle de 2012. À tout le moins, il devrait figurer dans le nouvel organigramme de l'Elysée, comme Faouzi Lamdaoui. D. B