Le centre de presse d'El Moudjahid avait peine à contenir les présents à la conférence organisée hier par l'association Michaâl-Echahid, en collaboration avec l'APC d'Alger-Centre, à l'occasion du 30e anniversaire de la disparition de Mohamed-Sedik Benyahia, mort dans un accident d'avion dans des circonstances qui restent toujours énigmatiques. Des compagnons de route comme l'éminent diplomate Lakhdar Brahimi, Salih Belkobbi, ancien ambassadeur, Mohamed-Salah Dembri, ancien ministre des AE, mais aussi ceux qui l'ont connu et côtoyé sans oublier le ministre de la Communication, Nacer Mehal, alors à l'APS. Le journaliste chroniqueur Mohamed Abbas retrace succinctement la biographie de cet homme qui avait la charge “des dossiers lourds” comme le dossier du gaz algérien, les otages de Téhéran ou encore celui de la guerre irako-iranienne. Comme il fut à l'origine de la loi régissant les journalistes professionnels. Mais qui mieux d'autre peut parler de lui si ce n'est Lakhdar Brahimi. D'anecdotes en anecdotes, l'ancien représentant de l'ONU raconte les années où il était proche “du visionnaire” qu'était Benyahia qu'il a connu dans la capitale en 1953 au moment où l'un terminait ses études de droit et l'autre tout nouveau à l'université d'Alger. Commence alors une vie de militantisme d'abord au sein du mouvement des étudiants algériens pour prendre de l'ampleur au sein du FLN qui les désigne missionnaires en 1956 au congrès international de Djakarta en Indonésie pour célébrer le premier anniversaire du sommet de Bandung (les non-alignés). Sur instruction de la direction du FLN, Lakhdar Brahimi restera dans ce pays, Benyahia sera envoyé au Caire. Le diplomate gardera pour toujours de ce dernier, l'image “d'un homme aux mains propres, humble et qui a beaucoup donné aussi bien pour la diplomatie algérienne, pour l'Afrique et pour le bassin méditerranéen”. Salih Belkobbi qui l'a connu également dès le déclenchement de la guerre de Libération dira de lui que c'est un exemple à suivre pour les générations actuelles et à venir. Mohamed-Salah Dembri fera découvrir aux présents le côté personnalité de Benyahia auquel il attribue cette belle citation : “La révolution ne réussit que si elle fait dans la critique et non dans l'allégeance, car l'esprit critique favorise l'émergence du progrès.” Pour l'ancien ministre des AE, M;-S. Benyahia avait le souci de mener très loin la diplomatie algérienne surtout que jusqu'au début des années 80 le rôle joué par cette dernière au plan régional et international ce n'était pas de la petite bière. “Le pillage des ressources du tiers-monde, la puissance des multinationales, le dollar comme monnaie d'échange international”, étaient des sujets brûlants pour le négociateur des accords d'Evian. Tout comme il était un fervent défenseur de l'organisation des Etats sahélo-sahariens dont l'Algérie, explique Dembri, avait la vision la plus claire. Et c'était, selon l'orateur, un atout pour l'Algérie qui était présente à l'époque dans tous les cénacles internationaux. Nacer Mehal qui était à l'APS gardera le souvenir d'un “pédagogue qui mérite qu'on lui rende le plus grand hommage”. On l'aura deviné, de sa mort on ne dira que la vérité de Lapalisse : disparu dans ce tragique accident d'avion. Il aura échappé miraculeusement la première fois au Mali mais la seconde a été fatale. “Un missile irakien”, continue-t-on à rappeler. Ni Lakhdar Brahimi, encore moins Dembri, ne casseront le tabou. Trente ans après, le temps d'une génération, on ne sait toujours pas ce qui se cache derrière “l'accident”. A F