Pour la première fois depuis le début de la guerre civile au Soudan, une délégation des rebelles soudanais de la SPLA était en déplacement samedi à Khartoum pour rencontrer les partis d'opposition et exposer sa vision du pays. À leur arrivée, vendredi après-midi, à l'aéroport de Khartoum, Pagan Amum et plusieurs autres membres de l'Armée de libération des peuples du Soudan ont été salués par une foule de quelque 30 000 opposants. Leur visite est considérée comme un événement sans précédent, présenté comme un tournant dans les efforts visant à mettre un terme à 20 ans de guerre civile. Il y a peu de temps encore, n'importe quel chef rebelle, qui se serait trouvé sur le territoire contrôlé par le gouvernement, aurait été arrêté et accusé de trahison. Samedi, Pagan Amum a rencontré Sadiq El-Mahdi, chef du parti majoritaire Umma et dernier Premier ministre démocratiquement élu du pays. À l'issue de cette entrevue, M. El-Mahdi, qui était Premier ministre au tout début de la guerre civile, a déclaré que la visite de la SPLA était un pas vers “la normalisation des relations entre les ennemis d'hier”. Selon El-Mahdi, Pagan Amum lui a assuré que l'accord de paix final — actuellement en cours de négociation entre les délégations de la SPLA et du gouvernement au Kenya — ne sera pas un accord bilatéral mais “plutôt un accord complet qui représentera toutes les factions du peuple soudanais”. Le vice-président soudanais, Ali Osman Mohammed Taha, et le chef du SPLA, John Garang, ont rejoint samedi la nouvelle session de pourparlers de paix qui s'est ouverte au Kenya. Depuis le début de la guerre civile au Soudan, en 1983, le conflit a provoqué la mort de quelque deux millions de personnes, dont beaucoup ont succombé aux famines entraînées par les combats. Les rebelles ont pris les armes contre le régime islamico-militaire de Khartoum, réclamant l'autonomie pour le Sud, majoritairement chrétien et animiste.