L'Organisation des moudjahidine préfère suivre en spectatrice les réactions en chaîne des anciens maquisards, histoire sans doute de ne pas heurter certaines sensibilités… Abane Ramdane est, encore une fois, traîné haineusement dans la boue par un autre “compagnon” d'arme. Ben Bella, l'homme par qui le scandale politico-médiatico-historique est arrivé, s'en sort plus au moins à bon compte, ne serait-ce que du côté officiel. Ses propos gravissimes contre Abane Ramdane, qui ont soulevé une tempête de réactions indignées de la part de la société civile et de simples citoyens, semblent être tombés dans l'oreille d'un sourd, dans le milieu institutionnel. Près de quinze jours après la tapageuse sortie médiatique de Ben Bella, quasiment aucune réaction d'indignation ou de dénonciation n'a été enregistrée tant de la part de ce qu'on appelle la famille révolutionnaire, ou des hautes autorités du pays. Les nombreuses organisations de moudjahidine, des enfants de chouhada (martyrs) des ayants droit et autres associations gravitant autour de cette famille prompte à monter au créneau quand il s'agit de défendre des intêrets matériels, n'ont pas pipé un mot sur “l'affaire” Ben Bella qui a défrayé la chronique ces derniers jours. Le silence de toutes ces organisations, comme l'ONM, l'ONEM, la FFC, est troublant. Aussi troublant que ces attaques en règle qui ciblent spécialement ce héros de la Révolution que fut et restera à jamais Abane Ramdane. Ce silence est d'autant plus curieux que toutes ces organisations ou presque avaient vigoureusement réagi quand Ali Kafi avait ouvert les hostilités contre Abane, il y a trois années, dans ses mémoires amnésiques… Ce jour-là, on s'en souvient, même le président de la République avait dénoncé en des termes à peine voilés les allégations de Kafi sur Abane. L'ONM, alors présidée par l'actuel ministre des Moudjahidine, avait, elle aussi, remis en place l'ex-président du HCE et néanmoins ex-premier responsable de l'ONM. Lâché par tous, y compris par sa famille politique, Ali Kafi a fini par reconnaître qu'il s'était trompé de cible, et de mémoire. Curieusement, Ben Bella, auteur des mêmes accusations contre Abane, n'a pas été rappelé à l'ordre par les gardiens de la mémoire que sont censées être toutes ces organisations de la famille révolutionnaire. En fait, est-il encore judicieux de parler de “famille” dès lors que celle-ci assiste presque complaisamment à la mutilation de la mémoire de l'un de ses meilleurs fils ? La question coule de source quand on sait que cette puissante ONM a diffusé, il y a quelques jours, une instruction à ses démembrements locaux dans laquelle elle enjoint aux secrétaires généraux de s'abstenir de commenter les propos de Ben Bella sur Abane au nom de l'organisation. En clair, l'ONM ne veut pas se mouiller dans cette affaire et n'entend pas défendre la mémoire de Abane ou, toute au moins, donner sa version des faits, sujet à la polémique. L'organisation des Moudjahidine préfère à présent suivre en spectatrice les réactions en chaîne des anciens maquisards, histoire sans doute de ne pas heurter certaines sensibilités… Le ministère des Moudjahidine de Mohamed Chérif Abbas, connu pourtant pour ses positions franches, semble aussi céder à la tentation du huis clos. Point de réaction comme si cette institution n'était pas concernée par cette polémique. Et comme pour se tenir vraiment loin de ce débat, le ministre aurait donné instruction aux cadres de son département de ne pas recevoir les journalistes qui viendraient s'informer sur cette affaire, ou, dans les meilleurs des cas, les soumettre à une gymnastique administrative de telle sorte à ce qu'ils n'atteignent pas Monsieur le ministre ! Cachez-moi cette affaire que je ne saurai entendre, semble dire tous ces responsables des autorités et des organisations de la famille révolutionnaire. Seule Khalida Toumi a eu au moins le mérite d'affirmer que le congrès de La Soummam est le fondateur de l'Algérie républicaine. Même si elle a concédé, un tantinet bizarre, que Ben Bella était libre de dire ce qu'il voulait… H. M.