Au sujet de la polémique suscitée ces derniers jours par presse interposée sur la tenue du Congrès de la Soummam et ses répercussions sur le devenir de la Révolution, Ahmed Mahsas, un des membres influents de l'Organisation secrète (OS) a, dans un entretien accordé au journal El-Youm, largement évoqué la crise qui a secoué le Mouvement national avant le déclenchement de la Révolution. Hassas a affirmé, à ce propos, que Abane n'avait aucun rôle dans cette organisation. Pour lui, le Congrès de la Soummam était le produit des différends nés au sein du Mouvement national à la suite de la dislocation du PPA en 1953 et le démantèlement de l'OS. Cette situation avait, selon lui, créé un grand problème quant à la conduite future de la Révolution. C'est aussi cet état de fait qui a donné naissance au courant messaliste et à celui des centralistes. Par rapport aux divergences entre chaque catégorie de militants, qui se sont accentuées, Abane, n'avait aucun rôle significatif à la tête du mouvement à en croire Mahsas, qui affirme que celui qui passe pour être le théoricien de la Révolution n'était pas vraiment connu à cette époque pour pouvoir influer sur le cours des choses. S'agissant du retour de Abane de Chelghoum Laïd à Bejaïa, Mahsas met en doute le rôle de Ben Bella. «C'est moi, en revanche, qui avais, à Constantine, rapproché Abane du parti», dira-t-il. Pour ce qui est de l'adhésion de Abane à la Révolution armée, Mahsas affirme que celui-ci, à sa sortie de prison en 1955, était contraint d'y adhérer. Ce second témoignage, après celui de l'ex-président Ben Bella sur les circonstances du déroulement du Congrès de la Soummam est de nature à relancer la polémique qui a fait rage ces deux dernières semaines. Mahsas est, en fait, le premier responsable de la Révolution qui abonde, quelque peu, dans le sens de Ben Bella. Avant lui, l'on a enregistré la réaction de Hocine Aït Ahmed, Yacef Saâdi et Rédha Malek. Ces trois anciens moudjahids ont apporté la contradiction à Ben Bella, en relevant le rôle majeur de Abane Ramdane dans la structuration de la Révolution. La polémique sur la personne de Abane n'est en fait que la partie émergée de l'iceberg révolutionnaire national, estiment de nombreux observateurs. Dans ce tir croisé de réactions, il y a lieu de noter le silence des deux institutions les plus concernées par un débat sur la Guerre de libération nationale: le ministère des Moudjahidine et l'Organisation nationale des Moudjahidine.