Les chefs d'entreprise sont conscients qu'il est vital de faire évoluer progressivement leur modèle de gouvernance, qui conserve encore des archaïsmes, vers un modèle fondé sur la norme, la compétence, la transparence, la responsabilité et la création de valeur. C'est du moins ce qu'a indiqué, hier le président du Forum des chefs d'entreprise, M. Réda Hamiani, à l'ouverture du 11e Symposium international de MDI Business School, organisé à l'hôtel Hilton d'Alger, en présence notamment du président du Conseil national économique et social, M. Mohamed-Seghir Babès. Selon Réda Hamiani, les chefs d'entreprise “savent qu'il s'agit là d'un enjeu essentiel”. Cependant, a-t-il relevé, “des contraintes multiples obèrent le rythme de cette évolution”. L'une des plus lourdes est celle que fait peser sur l'économie la coexistence d'un secteur informel avec le secteur formel. “Comment faire pour imposer des normes de comportement et de structuration du fonctionnement de l'entreprise dans un environnement où nous avons une économie informelle qui a tendance à s'élargir sans cesse ?” s'est interrogé le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE). Réda Hamiani estime que si, dans le contexte actuel de l'économie algérienne, la gouvernance apparaît bien comme un enjeu stratégique de développement, “il est clair que cet enjeu exige que soit substituée la force du droit à la force des relations, à la force de certains clans du pouvoir dans les institutions de gouvernance d'entreprise comme dans celles de gouvernance publique”. Selon M. Hamiani, la pratique d'une bonne gouvernance, si elle est un impératif pour l'entreprise, elle l'est autant pour l'administration qui doit, elle aussi, faire sa mue. “Nous pensons que c'est dans cette perspective globale que doit être placée aujourd'hui la question de la gouvernance d'entreprise en Algérie”, plaide le président du FCE. Réda Hamiani a reconnu que l'environnement juridique de l'économie algérienne a évolué dans le bon sens. Le cadre institutionnel a connu des avancées incontestables. Mais, a-t-il estimé, “beaucoup reste à faire pour mettre en adéquation ces avancées avec les pratiques quotidiennes qui entravent lourdement les initiatives”. Car, en définitive, les contraintes persistantes vécues par les dirigeants d'entreprise n'encouragent pas au développement des pratiques de gouvernance. Enclins à une gestion quotidienne, il ne reste que peu de temps aux dirigeants pour se préoccuper de la “bonne gouvernance”. C'est à cela que l'intervention des pouvoirs publics apparaît comme essentielle pour appuyer et favoriser l'application de ces principes. “Le 11e Symposium international 2012 se fixe pour objectif d'offrir aux différents participants une source de réflexion croisée sur la question stratégique de la gouvernance en tant que facteur de développement durable dans un pays comme l'Algérie qui présente à la fois des faiblesses structurelles et de forts potentiels”, explique M. Brahim Benabdeslem, directeur général de MDI Business School d'Alger. En Algérie, différentes initiatives ont été prises, notamment par la rédaction du code algérien de gouvernance de l'entreprise. M. Ali Harbi, consultant, a rappelé que l'initiative de rédiger un code algérien de gouvernance de l'entreprise a été lancée en juillet 2007. Une task force a été créée à cet effet (Goal 08). Cette expérience a été ponctuée par la publication, en mars 2009, du code algérien de gouvernance d'entreprise. “En octobre 2010, nous avons Hawkama el djazaïr, qui est une initiative de pérennisation du code, par la création l'Institut algérien de gouvernance de l'entreprise”, nous a indiqué M. Harbi, qui évoque la consolidation de Hawkama el-Djazaïr, par la participation de l'Abef et de la Cosob. Le conseil d'administration de Hawkama el-Djazaïr a une plus grande représentativité des parties prenantes liées à la gouvernance des entreprises. Ali Harbi évoque la préparation de la deuxième édition du code de gouvernance, “pour aller dans une dimension plus pratique consistant à rédiger des guides de bonne pratique de gouvernance, des PME, des entreprises publiques et, enfin, de celles qui sont appelées à être cotées en bourse”. M R