Dimanche en début de soirée, la salle Debussy à Cannes avait abrité la projection du film, en compétition officielle, de « Like Someone in Love ». Un long métrage japonais du réalisateur iranien Abbas Kiarostami, avec Ryo Kase, Denden, Rin Takanashi et Tadashi Okuno. Tokyo, de nos jours. Il fait nuit. Sur une musique très jazzy d'Ella Fitzgerald, Akiko (Rin Takanashi) parle à son copain (Ryo Kase) au téléphone. Jeune étudiante, elle vend ses charmes pour payer ses études. Pour que son petit ami, qui veut l'épouse, ne découvre pas sa vie secrète, elle est obligée de mentir. Ce soir-là, son « employeur », l'envoie de force chez un client. Un vieil homme (Tadashi Okuno, l'un des doyens du cinéma japonais). Un universitaire érudit, vivant seul dans son appartement, à une heure de route de la capitale japonaise. Entre eux, le courant passe. Le lendemain, il l'accompagne à l'université où elle avait un examen. C'est là que tout commence. Elle rencontre son petit ami qui lui fait une scène de jalousie. Il remarque le sexagénaire et, après hésitation, fini par aborder celui qu'il considère comme le grand-père de sa dulcinée. Entre les trois se nouent, en une journée, une certaine relation basée sur le mensonge, mais également sur des visions de la vie. Une relation où l'inattendu prime. « Like Someone in Love » c'est l'enchevêtrement des sentiments, l'envie qui se transforme en amour paternelle, la jalousie maladive qui rend violent et fait peur. Une fenêtre ouverte sur une société de consommation en perte de valeur. Le gain prend le dessus sur les valeurs. Une proposition cinématographique pleine de sentiment et d'émotion. Regard étranger, celui d'un Iranien, qui demeure universelle, sur une société. Un film aérien, le réalisateur prend son temps pour installer le public. Des rebondissements, de l'action au ralenti, ce qui contraste avec la société japonaise où la vie est une perpétuelle course contre la montre. Une pause qui fait bien. De notre envoyé spécial à Cannes : Amine IDJER