“A nruh” (Partir). Il a salué ses fans venus nombreux à son spectacle. “Vous n'avez pas oublié ‘taqbaylit' (la culture), bien que vous soyez partis depuis des années du pays natal. En venant ici, je savais que j'allais trouver mes frères”, a déclaré Aït Menguellet sous un tonnerre d'applaudissements. Pourtant peu loquace sur scène, lui qui n'aime pas trop les discours, Lounis Aït Menguellet a dérogé cette fois-ci à la règle, à l'occasion d'un gala qu'il a animé, vendredi soir, à la salle Olympia à l'invitation de la compagnie Jet-Set Montréal. Comme pour évoquer ces retrouvailles, le chanteur a entamé son spectacle, après un long istikhbar, par Sani i tebgham a nruh, suivi par la chanson Ay abrid ttun medden, avec des musiciens qui ont évolué sous la direction de son fils Djaffar. S'ensuit une partie du répertoire des “années d'or” célébrant l'amour platonique. Ce qui a poussé les nostalgiques de la belle époque à exécuter des pas de danse, comme on sait bien le faire dans les fêtes au village, le tout dans une ambiance bon enfant. Après l'entracte, des cadeaux de reconnaissance ont été remis au poète par deux militants de la cause amazighe. Très ému, l'artiste a repris ses chansons avec beaucoup d'émotion. Ce qui a arraché aux femmes, présentes en grand nombre, des youyous stridents. Alternant chansons rythmées et celles moins rythmées mais qui invitent à la réflexion, Aït Menguellet chante Ettes ettes, un texte vieux de 30 ans maintenant. Toujours d'actualité, cette chanson est reprise en chœur par le public qui semble connaître par cœur son répertoire. Arrive, après, le moment du chef-d'œuvre Ammi, un texte d'anthologie inspiré de l'œuvre de Machiavel. La salle comble est “démontée” ; tout le monde chante avec lui. 23 heures, l'artiste veut partir, son concert tire à sa fin. Malgré l'insistance du public, le poète chante une dernière pour la route : Ruh filaman. Le public veut que l'artiste prolonge son spectacle, sachant que quand il part, il ne reviendra pas de sitôt. Sa dernière visite au Canada remonte au milieu des années 1990. Alors, chante, Lounis, chante ; un poète peut-il mourir ? Y. A.