Dans un discours prononcé hier matin devant le nouveau Parlement syrien, le président Bachar Al-Assad, confronté à une insurrection populaire depuis 15 mois, a affirmé que son pays faisait face à “un plan de destruction” et à “une guerre menée de l'étranger”. Se voulant un rempart contre “le terrorisme qui augmente”, il a mis en avant “tous les moyens politiques” essayés par son régime et qui sont restés vains car il s'agit, selon lui, d'“une véritable guerre menée de l'étranger”. Le président syrien s'est dit convaincu que les responsables du “terrorisme ne sont pas intéressés par le dialogue ou les réformes”, mais “ils sont chargés d'une mission et ne s'arrêteront que s'ils accomplissent cette mission ou si nous arrivons à les arrêter”, a-t-il affirmé. “Il n'y aura pas de compromis dans la lutte contre le terrorisme et ceux qui le soutiennent”, a encore asséné le président, confirmant ainsi sa volonté de ne pas reconnaître le mouvement de contestation qu'il assimile au terrorisme. Ce discours intervient alors que le plan de sortie de crise de l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, est au point mort et que le pays se rapproche dangereusement d'une guerre civile totale sur fond ethnique et confessionnel. Les pays de la Ligue arabe sont en première ligne pour exiger des pressions supplémentaires sur le régime syrien. Ils ont demandé samedi à l'ONU de fixer un échéancier au plan Annan en Syrie et à recourir au chapitre VII de la charte des Nations unies pour imposer à Damas des sanctions supplémentaires et la rupture des relations diplomatiques. Sous la couverture des dispositions de ce chapitre, la Ligue arabe demande “la suspension totale ou partielle des relations économiques, des liaisons ferroviaires, maritimes, aériennes, postales, télégraphiques et de télécommunications et la rupture des relations diplomatiques” entre la Syrie et les autres pays. Mais le chapitre VII de la charte des Nations unies prévoit aussi la possibilité d'un recours à la force en cas de menace contre la paix, n'en déplaise au secrétaire général de la Ligue arabe qui prétend que son organisation n'a demandé “aucune action militaire”. “C'est au Conseil de sécurité de décider de sanctions économiques ou d'aller au-delà”, a-t-il précisé avant de signaler que l'Algérie, l'Irak et le Liban avaient émis des réserves sur la référence faite au fameux chapitre VII. Pourtant, se faisant menaçant, le dirigeant qatari n'a pas omis d'ajouter que “le régime syrien commet une erreur s'il parie sur la poursuite de sa politique” actuelle. Le discours de Bachar Al-Assad et l'agitation quelque peu désordonnée -et pas toujours saine- de certains dirigeants arabes interviennent alors même que le président russe, Vladimir Poutine, a confirmé sa volonté, aussi bien à Berlin qu'à Paris, de s'opposer à toute nouvelle sanction contre la Syrie prononcée au sein du Conseil de sécurité. Dès lors, une question s'impose : à quoi rime l'offensive de certaines capitales arabes, au premier rang desquelles Doha, pour accentuer les sanctions sur Damas et favoriser, le cas échéant, l'intervention militaire étrangère ? La référence faite au chapitre VII de la charte des Nations unies, qui laisse la voie ouverte à l'usage de la force, c'est-à-dire à une intervention militaire étrangère, ne ressemble-t-elle pas à un subterfuge qui permettrait de contourner le Conseil de sécurité et de faire un pied de nez à Moscou ? M.A. B